Cinema
QueerMania, la culture côté queer : #1 Notre histoire

QueerMania, la culture côté queer : #1 Notre histoire

17 January 2018 | PAR La Rédaction

Franck Finance-Madureira, Rédacteur en chef de FrenchMania et frenchmania.fr, en partenariat avec Toute La Culture.com éclaire chaque mois l’actualité culturelle par l’angle queer.

L’année culturelle 2017, côté queer, aura été marquée par la reconnaissance, via des œuvres puissantes, de l’impact de la lutte contre le sida dans la construction d’une culture queer et militante. La preuve par 4.

Il y eut bien sûr le choc 120 Battements par minute. Robin Campillo, ancien militant d’Act Up-Paris, y retrace une partie de l’histoire de l’association, de ses combats, de ce credo de la politique à la première personne et de cet engagement des corps affaiblis dans une lutte pour la survie. Le film est immense d’un point de vue cinématographique (scénario, réalisation, montage, comédiens et comédiennes, …) mais également d’un point de vue politique et mémoriel puisqu’il permet une inscription définitive de ces luttes dans l’Histoire de France. Chaînon manquant entre le FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire né en 1971) et le combat pour le mariage pour tous.

Aux Etats-Unis, c’est le duo Gus Van Sant / Dustin Lance Black respectivement réalisateur et scénariste du film Harvey Milk (Oscar du meilleur scénario en 2008) qui s’est reformé pour revenir dans la série When we rise sur 40 ans d’histoire du mouvement de libération LGBT de l’ère post-Stonewall (le début des années 70) à aujourd’hui… Inspirés par des parcours de vie réels, les 8 épisodes de la série nous embarquent, grâce à ce « we/nous » inclusif, dans les premiers combats contre les violences policières, puis ceux pour l’égalité des droits jusqu’aux plus récents pour le mariage. Les épisodes centraux sont consacrés aux « années sida » qui ont décimé les rangs militants tout en réinjectant dans le débat ce salvateur attelage intimité-politique. Réussite encore pour cette mini-série diffusée par le réseau généraliste ABC (et par Canal+ en France).

Dans son livre Les Années sida à l’écran, paru également cette année, le journaliste et historien du cinéma Didier Roth-Bettoni analyse l’intérêt cinématographique et sociétal de plus de 300 films ou séries traitant de l’épidémie du sida. Avec sa plume alerte et vibrante, l’auteur de l’ouvrage de référence L’Homosexualité au cinéma inscrit lui aussi la lutte contre le sida comme élément moteur de l’expression des luttes des minorités sexuelles dans l’histoire de l’art. C’est d’ailleurs le thème central du livre d’Elisabeth Lebovici Ce que le sida m’a fait. La critique d’art signe un essai passionnant sur la façon dont le sida a traversé, marqué et renouvelé la création artistique dans les années 80 et 90 mais également sur le rôle de l’épidémie dans l’affirmation de la visibilité des minorités, des marges. Il y est aussi question de convergences des luttes et de la réappropriation par ces artistes des symboles de l’oppression. Comme le retournement du triangle rose par les créateurs d’Act Up.
Franck Finance-Madureira est journaliste, corédacteur en chef de FrenchMania et président-fondateur de la Queer Palm, le prix LGBT du Festival de Cannes.

Aller plus loin :
Cinéma militant gay et lesbien – années 1970-80 à la Cinémathèque de Toulouse du 17 au 21 janvier. Des films et des rencontres notamment autour de la thématique du sida au cinéma.
120 Battements par minute de Robin Campillo. En DVD (Memento Films)
When we rise, série créée par Dustin Lance Black, réalisée par Gus Van Sant (épisodes 1 et 2), Dee Rees (3 et 4), Thomas Schlamme (5 et 6) et Dustin Lance Black (7 et 8). Pas de DVD ni d’offre de streaming légal en France
Les Années sida à l’écran de Didier Roth-Bettoni, préface de Christophe Martet, accompagné du DVD du film Zero Patience de John Greyson, Editions ErosOnyx
L’Homosexualité au cinéma de Didier Roth-Bettoni, Editions La Musardine
Ce que le sida m’a fait, art et activisme à la fin du XXe siècle d’Elisabeth Lebovici, Editions jrp/ringier

Et le Verrou ouvrit les portes du Taken Club
Moon gogo – Tout sauf un attrape gogo
La Rédaction

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration