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« Mad Men » saison 7 : spleen dans le tourbillon des Sixties

« Mad Men » saison 7 : spleen dans le tourbillon des Sixties

12 January 2016 | PAR Jean-Christophe Mary

Sept saisons étalées sur une dizaine d’année, ainsi aura duré Mad Men, critique acerbe du monde de la publicité annonçant celui des requins la finance des 80’s, avec cette galerie de personnages cyniques mais ô combien attachant. Scénario, reconstitution d’une époque, costumes, photos, musique, la série nous aura replongé dans l’Amérique fantasmée des 60’s.

Durant ces sept saisons, le réalisateur Matthew Weiner, aura su habilement nouer les destins de ces personnages : Don Draper, créatif publicitaire reconnu dans une agence de pub de l’avenue Madison, à New York, Roger Sterling, associé de Sterling Cooper et meilleur ami de Don Draper, Peggy Olson la rédactrice pub, Joan Holloway la platureuse secrétaire en chef et Pete Campbell jeune publicitaire et ambitieux. Tout au long des 92 épisodes, ce petit monde de créatifs s’est retrouvé cloisonné dans desbureaux de gratte ciels dominant Manhattan, à inventer les futurs slogans publicitaires, à mettre des mots sur des désirs des futurs consommateurs, le tout à coup de verre d’alcool fort et de cigarettes fumées par paquets entiers. Joutes verbales au vitriol, mensonges, trahisons et lâchetés, on aura assisté à un huis clos théâtral où la cruauté humaine est mise scène comme rarement dans une série.

La tristesse et les fractures que cache Don Draper, cette galerie de personnages qui gravite autour de lui dans ce contexte social agité des 60’s, tout cela montre combien ces personnages complexes et attachants étaient pris par leurs contradictions, avaient du mal à trouver leur place dans cette société américaine en pleine mutation. Malgré une certaine lenteur de l’action au cours des saisons 3 et 4, on aura adoré Mad pour le soin apporté à ces images aux contrastes profonds et à leurs couleurs chaudes, à ces décors et ces costumes flamboyants, dans cet univers où les apparences étaient la règle. Le choix du comédien Jon Hamm en sosie parfait de Cary Grant, s’intègre parfaitement dans cette Amérique des 60’s. On se souviendra de la complexité de son personnage, et particulièrement d’une scène, celle où Don allongé sur un transat préfère lire l’Enfer de Dante, plutôt que de profiter de cette plage paradisiaque qui s’offre à lui. Evidemment, tout au long des épisode, on aura attendu la lente chute de Don Draper, comme le le suggérait le générique d’ouverture.

Cette mise ne lumière cette rédemption allait elle venir de ses deux divorces, de sa relation avec sa fille aînée, de son enfance dans une maison close, de son changement d’identité pour échapper à la guerre de Corée ? Et jusqu’au bout, le suspens aura été bien gardé. Cette scène finale où Don semble avoir enfin trouvé la paix intérieure, semble avoir calmé sa crise existentielle grâce une communauté hippie en Californie est un belle trouvaille de la part des scénaristes: les belles valeurs d’entraide qu’il a découvert au sein de cette communauté lui auront en fait servi à élaborer une des publicité les plus célèbres pour Coca-Cola. Cynique jusqu’au bout.

Visuel : (c) DR

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