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Les Yeux de Satan (Child’s Pay) : un Sidney Lumet oublié réédité chez Rimini

Les Yeux de Satan (Child’s Pay) : un Sidney Lumet oublié réédité chez Rimini

05 October 2021 | PAR Mathieu Ash

Datant de 1972, Child’s play  (titre original des Yeux de Satan) de Sidney Lumet est ressorti, au printemps dernier, chez Rimini, l’occasion de se pencher sur un film mineur mais néanmoins intéressant de la très riche filmographie d’un grand cinéaste américain.

Retour à l’école

Paul Reis, jeune professeur de sport fraîchement nommé, est de retour dans l’ancien lycée où il a été élève pour y enseigner. Sur place, il découvre des pratiques particulièrement étranges de harcèlement entre élèves. Il retrouve également deux de ses anciens professeurs, aux méthodes bien différentes, se vouant une haine farouche.

Un Lumet oublié

Coincé dans la filmographie de Lumet entre Le Gang Anderson (The Anderson Tapes) 1971 et The Offence 1973, tous deux avec Sean Connery, Les Yeux de Satan est aujourd’hui un film un peu oublié de son auteur. Adaptation d’une pièce de théâtre à succès de Robert Marasco, le film, qui fût un échec à sa sortie aux États-Unis, n’a pas été distribué en France. Sa production fût elle aussi problématique, avec le désistement, peu avant le début du tournage, de Marlon Brando, qui ne souhaitait pas jouer face à James Mason.

Développant une atmosphère fantastique que ne dit pas son nom, renforcée par les décors gothiques de l’institution catholique où il siège, et par la musique de Michael Small, le film abandonne peu à peu la piste paranormale, en se désintéressant des histoires de sévices entre élèves. Conscient de ses limites vis à vis du genre, Lumet se concentre alors sur l’opposition entre deux professeurs, l’un Dobbs (Robert Preston), proche de ses élèves, est d’abord présenté comme bienveillant ; l’autre Malley (James Mason) beaucoup plus sévère, fait figure de tyran (il est surnommé «The Lash» le fouet). Ces rapports s’inverseront tout au long du métrage, Dobbs devenant une sorte de gourou malsain à l’influence néfaste (version maléfique du Robin Williams du Cercle des poètes disparus) là où la sévérité de Malley ne cache en fait qu’un refus de la démagogie et de la médiocrité, pour mieux armer de futurs adultes à la vie qui les attend. Ce face à face, riche en perversions et en faux semblants, illustre la tyrannie du groupe face à l’individu, et permet surtout au personnage de James Mason de rejoindre la longue assemblée de figures Lumetiennes luttant en vain pour ne pas finir broyer par un système.

Film mineur donc, que son réalisateur n’aimait guère, mais la performance de James Mason justifie à elle seule le visionnage du film.

En Bonus

Rimini propose, en collaboration avec La Plume, Un Monde démoniaque, entretien avec Michel Cieutat, critique de la revue Positif, qui revient pendant une demi-heure sur le film et sa place dans la carrière de Sidney Lumet.

Les Yeux de Satan (Child’s play) de Sidney Lumet, avec James Mason, Robert Preston, Beau Bridges… (USA 1971) 100min Combo DVD/Bluray chez Rimini Edition

visuel (c) couverture du dvd, Rimini éditions

 

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