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Jérôme Bonnell, à fleur de peau

Jérôme Bonnell, à fleur de peau

02 November 2022 | PAR Yaël Hirsch

Le film Chère Léa de Jérôme Bonnell, désormais disponible sur MyCanal et bientôt en DVD, est un bijou tendre et fantasque à réchauffer des journées hivernales. Cette année, Jérôme Bonnell signe également Les Hautes Herbes, une mini-série policière distribuée par Arte. Si le registre est plus dramatique, on retrouve la patte du réalisateur à travers la justesse et l’intensité qui se dégagent de ses personnages.

La poésie de Chère Léa

Est-ce l’originalité, la poésie et la drôlerie du scénario de Chère Léa, organisé autour de l’écriture contrariée d’une lettre d’amour dans une brasserie de quartier ? Le naturel désarmant de Grégory Montel, ce Jonas éreinté, angoissé, amoureux ? L’intimité de sa mise en scène, dans le microcosme d’une journée, d’un voisinage, d’histoires qui se croisent ? L’espièglerie teintée de mysticisme de Nadège Beausson-Diagne, qui campe Lubna, la femme qui vit avec le directeur de la brasserie, incarné par Grégory Gadebois ? Ce dernier, qui joue ici avec la justesse chirurgicale qu’on lui connaît un commerçant discret mais qui n’en perd pas une miette, et s’improvise critique littéraire ? Ou la Léa éponyme, une Anaïs Demoustier qui interprète elle-même certains des airs de Schumann et de Vivaldi que répète la chanteuse lyrique qu’elle est à l’écran ? Peut-être que l’élégance et la tristesse tout en tendresse d’une autre Léa, Drucker, ou plutôt Harriett, l’ex-femme qui apparaît dans une unique scène particulièrement réussie avec Jonas tournée Gare de l’Est participent aussi de la grande tenue de ce film passé relativement inaperçu.

Les Hautes herbes : Polar en Touraine

Avec Les Hautes Herbes, Jérôme Bonnell propose une intrigue policière sur fond de drames familiaux et d’histoires sentimentales et érotiques. Jules, un enfant de 10 ans dont la mère tombe dans le coma après un accident de moto est envoyé en Touraine chez la séduisante Lucille, une amie de sa tante, pigiste, qui vit avec Glenn, ancien flic absorbé par la maison qu’il vient d’hériter de son père. Mounir, un jeune homme qui travaillait dans une ferme environnante vient de disparaître. Eve, la mère de Louise, interprétée par Emmanuelle Devos a rencontré ce dernier par hasard alors qu’elle avait fait une chute en cueillant des fruits dans son jardin. Elle semble être la seule à s’inquiéter de sa disparition. On retrouve ici les délicieux ingrédients du réalisateur : un excellent jeu d’acteurs, des personnages-musiciens – Lucille joue du piano comme Léa chante des airs d’opéra dans Chère Léa ou Charlotte des chansons plus modernes dans À trois on y va. Des triangles amoureux, comme dans la plupart de ses films. De la douceur, de la poésie, de l’empathie, une absence de jugement. Des corps qui s’aiment, des tâches de rousseur, de grands yeux – les magnifiques yeux verts ornés de cils immenses du jeune Antonin Chaussoy, qui interprète Jules – ouverts sur un monde pas toujours tendre. Une envie de s’échapper et une intensité qui enjoint de les suivre.

Chère Léa, avec Grégory Montel, Anaïs Demoustier, Grégory Gadebois, Nadège Beausson-Diagne.

Les Hautes Herbes, avec Emmanuelle Devos, Louise Chevillotte, Jonathan Couzinié, India Hair.

visuel (c) affiche 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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