Cinema
[Deauville] “Magic in the moonlight” de Woody Allen  Les illusions d’un magicien

[Deauville] “Magic in the moonlight” de Woody Allen Les illusions d’un magicien

06 September 2014 | PAR La Rédaction

SYNOPSIS
Le prestidigitateur chinois Wei Ling Soo est le plus célèbre magicien de son époque, mais rares sont ceux à savoir qu’il s’agit en réalité du nom de scène de Stanley Crawford : cet Anglais arrogant et grognon a une très haute estime de lui-même, mais ne supporte pas les soi-disant médiums qui prétendent prédire l’avenir. Se laissant convaincre par son fidèle ami Howard Burkan, Stanley se rend chez les Catledge qui possèdent une somptueuse propriété sur la Côte d’Azur. Il se fait passer pour un homme d’affaires, du nom de Stanley Taplinger, dans le but de confondre la jeune et ravissante Sophie Baker qui séjourne chez les Catledge avec sa mère.

On nous l’avait annoncé comme le troisième volet de la trilogie To Rome with love et Midnight in Paris mais Woody Allen en a décidé tout autrement. En effet, on y retrouve tous les ingrédients traditionnels d’un Woody classique, une histoire d’amour tourmentée, une Europe fantasmée, une réflexion métaphysique, un rappel à ses débuts de magicien, une lumière intense et ses couleurs habituelles, automnales même en été… Mais Magic in the moonlight s’approche plutôt des réflexions de Match Point, l’absence d’un Woody bis (aucun personnage porte-parole de l’auteur, souvent d’ailleurs joué par lui-même dans sa filmographie), c’est le film entier qui parle pour lui. On retrouve une justesse et on découvre une ironie nonchalante qui teinte le film d’un humour britannique. Le délicat et touchant hommage à Méliès justifie avec le début de la psychanalyse et son jazz préféré des années 20. On y retrouve également le symbole de la belle fille ou du gendre idéal, rationnel, d’ailleurs parmi les nombreux idiots qui jalonnent ses films, celui-ci est vraiment l’un des plus réussis dans sa crédulité indécrottable.

On notera la performance de tante Vanessa (Eileen Atkins) désinvolte et espiègle notamment dans un long échange avec Stanley (Colin Firth), un troisième degré touchant et bien maîtrisé à un moment charnière du film.
On y trouve aussi une jolie Sophie (Emma stone) jouant au médium, touchée par une lumière crépusculaire qui la métamorphose tantôt en jeune fille tantôt en femme amoureuse.
Le personnage principal de Stanley, va se développer en trois moments dans le récit, une véritable dialectique, en thèse, antithèse et synthèse.
D’abord matérialiste borné et arrogant, puis mystique béat, et enfin humaniste fragile avec ses contradictions, ses irrationalités, son mélange de matière et d’âme. De science et d’ectoplasme comme s’en amuse l’auteur.

La scène cruciale du film est un impeccable plan séquence, partition longue, subtile, profonde et risible pour un acteur comblé.
Pour la première fois Stanley n’adapte plus son vouloir à sa conception du monde, cynisme et froid si Dieu n’existe pas, heureux, jovial s’il y a un après…, mais là il faudra aimer malgré les évidences, il faudra pardonner même si Dieu ne le peut.
Alors ici réside la sublime ironie de l’œuvre, lorsque les questions métaphysiques deviennent anecdotiques, et que seules restent celles de l’humain trop humain (Nietzsche est le fil rouge du film, pour la première fois chez Allen) avec son cœur, son corps, ses souvenirs et sa morale chancelante.

JFA

Magic in the moonlight, un film de Woody Allen avec Colin Firth, Emma Stone, Eileen Atkins, Comédie américaine, 1h38, 2014
Sortie prévue le 22 Octobre 2014

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