[Cannes, Un certain regard] “Transfiguration” : vampire ordinaire, une galère, pas passionnante
Pari non transformé pour cet exercice indépendant, peignant, sans réflexion, un apprenti vampire très perdu, et très peu passionnant.
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Un garçon perdu, dans sa tête et dans sa vie : voilà un sujet abordé un nombre de fois dément par le cinéma. Milo, le héros de Transfiguration, est plongé dans une sensation comparable, au sein de son quartier défavorisé des abords de New York. Sauf qu’il est un vampire. Il éprouve un besoin de boire du sang humain, et se satisfait très peu, tuant surtout des marginaux de passage. N’ayant aucun ami, il regarde sans cesse des films sur les suceurs d’hémoglobine, pour savoir un peu qui il est. Il va bientôt ébaucher une relation amoureuse avec Sophie, arrivée nouvellement dans son immeuble. Une rencontre qui ne l’aidera guère à trouver sa place, dans le monde.
Parfois, les films dont les héros sont perdus adoptent un style gris, peu expressif. Le danger de lasser guette alors. Ici, univers sonore et mise en scène se mettent au diapason de ce personnage égaré. Et Michael O’Shea filme des faits très, très quotidiens. Sous sa caméra, son héros pourrait tout aussi bien ne pas être un vampire. D’ailleurs, il sort en plein jour, il n’a pas de point faible…
Malgré l’interprétation sensible du tout jeune Eric Ruffin, et de sa partenaire, Chloe Levine, le récit ne captive pas. Si on sent la volonté du réalisateur de laisser réfléchir son héros, les pensées ne prennent pas corps : à l’écran, on ne voit que des faits dont le cinéaste ne se détache pas. Il se limite au descriptif, rien qu’au descriptif, et ce faisant, il lasse beaucoup. Et si on cite, par exemple, en fin de paragraphe précédent, les attributs des vampires, c’est qu’on trouve intéressant que dans ce film, le jeune Milo n’en ait aucun. Mais notre réalisateur, lui, ne transcende pas cette idée. Comme pas mal d’autres.
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Visuels : © ARP Selection