
Cannes 2022, Quinzaine : Les harkis de Philippe Faucon, un film impeccable
Réalisateur et producteur des “Harkis“, Philippe Faucon s’attaque à un sujet délicat et encore douloureux avec une rigueur intellectuelle et visuelle impeccables. Un film qui a ses chances de rafler des prix à la Quinzaine des réalisateurs.
L’Algérie au moment du basculement de l’indépendance
Le générique présente plusieurs trajectoires d’hommes algériens qui rejoignent l’armée française en lutte contre les nationalistes algériens à la toute fin des années 1950. Placés sous la responsabilité du lieutenant Pascal (Théo Cholbi qui crève l’écran), ils parlent pas ou mal le français mais risquent leur vie pour défendre la France contre les “fellagahs”. Avec les accords d’Evian, la trahison va les frapper de plein fouet… Les harkis focalise sur une poignées d’hommes dans un village. On voit leurs familles, leur départ, leur quotidien où ils ne sont pas non plus des anges, le respect qui existe réellement au sein de l’armée et aussi le froid sacrifice de ceux qui ont embrassé sa cause par l’institution.
Un film impeccable
Lumineux, obstiné et pudique à la fois, le film de Philippe Faucon nous incite à ne sympathiser pleinement avec aucun de ses personnages. Et néanmoins, chacun, avec finesse et précision, incarne une situation historique où les responsabilité sont à regarder en face. Focalisant sur une poignée d’hommes dont on universalise librement le sort, apportant quelques chiffres clés au bon moment sans écraser le spectateur avec ces données terribles, le film est très rigoureux dans ses reconstitutions sans jouer trop joliment de l’aspect historique et du costume. Nuancé, extrêmement élégant dans sa manière de se clore, c’est un film impeccable sur un sujet grave et une blessure encore ouverte.
Les harkis, de Philippe Faucon, avec Théo Cholbi, Mohamed Mouffok, Pierre Lottin, Yannick Choirat… France, 82 min, en compétition à la Quinzaine des réalisateurs.
visuel (c) Pyramide Films