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[Semaine de la Critique] “Olga”, portrait maîtrisé d’une jeune gymnaste ukrainienne par Elie Grappe

[Semaine de la Critique] “Olga”, portrait maîtrisé d’une jeune gymnaste ukrainienne par Elie Grappe

10 July 2021 | PAR Yaël Hirsch

Le premier long métrage d’Elie Grappe, Olga, est en compétition à la Semaine de la Critique et ce portrait très abouti d’une gymnaste ukrainienne exilée en Suisse pendant les événements de la place Maïdan est une des belles découvertes du Festival. 

Une gymnaste ukrainienne en Suisse en 2014

A 15 ans, Olga est l’un des espoirs de la gymnastique de Kiev. Après avoir survécu à un gros accident de voiture organisé contre sa mère, journaliste, la jeune femme doit s’exiler en Suisse, le pays de son défunt père. Dans une famille près du gymnase tout équipé, elle doit renoncer à sa nationalité ukrainienne pour participer aux championnats européens dans l’équipe suisse. C’est de son havre de paix et d’entraînement qu’elle suit les évènements de la place Maïdan de 2014 où ses amis et sa mère sont exposés. Difficile de se concentrer sur le sport pour le sport quand ses proches risquent leur vie pour la liberté… 

Finesse et maîtrise entre intime et politique

Dès la scène de l’accident de voiture, l’on sait que la promesse exigeante du film sera tenue : faire le portrait d’une gymnaste traversée par une situation de crise géopolitique qui touche à l’intime. Elie Grappe tient ensemble trois éléments aussi disparates que puissants : le corps de la gymnaste, les images d’archives de la révolution de la place Maïdan et des scènes de vies d’une jeune fille d’aujourd’hui. Toujours il tient ses éléments à la juste distance et à la bonne place : le corps est saisi sans promiscuité mais avec humanité, de manière unique, comme Elie Grappe l’avait déjà fait dans son court Suspendu. Les images d’archives arrivent par téléphone en direct et habitent le portrait de l’héroïne et cette dernière – magistrale Anastasia Budiashkina – grandit littéralement sous nos yeux pendant la durée du film et l’on est touché, immergé dans ce portrait si maîtrisé et si puissant. Une des plus belles découvertes du Festival jusqu’ici.

Olga, d’Elie Grappe, avec Anastasia Budiashkina, Sabrina Rubtsova, France, Ukraine, Suisse, 2021, 1h25, en compétition à la Semaine de la Critique.

visuel (c) ARP Selection 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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