[Critique] du film « Un Paese di Calabria » Riace, petit village au cœur de l’histoire migratoire italienne
Un Paese di Calabria nous emmène à Riace, petit bourg pauvre du sud de l’Italie qui s’est reconverti depuis plusieurs années dans l’accueil des migrants, après l’arrivée de 200 kurdes en 1998. Shu Aiello et Catherine Catella filment l’utopie politique d’un village-refuge tout en inscrivant leur témoignage dans l’histoire plus large des migrations en Italie. Notre critique.
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Extrait du synopsis officiel : Comme beaucoup de villages du sud de l’Italie, Riace a longtemps subi un exode rural massif. Un jour, un bateau transportant deux cents kurdes échoue sur la plage. Spontanément, les habitants du village leur viennent en aide. Petit à petit, migrants et villageois vont réhabiliter les maisons abandonnées, relancer les commerces et assurer un avenir à l’école. C’est ainsi que chaque jour depuis 20 ans, le futur de Riace se réinvente.
Riace a fait l’objet depuis quelques années d’une curiosité grandissante de la part des médias, qui se sont intéressés à l’étonnante histoire de cet espace-refuge inattendu pour les migrants. Une utopie positive et un symbole politique puissant démontrant la possibilité d’une co-existence pacifique bénéficiant à tous, alors que la xénophobie progresse partout en Europe. Un Paese di Calabria nous raconte le destin de ce petit village traditionnel du sud de l’Italie qui a vu 200 kurdes s’échouer sur ses côtes à la fin des années 1990. Et a depuis choisi collectivement de perpétuer cette tradition d’accueil pour devenir un lieu de passage ou d’installation des nouvelles générations de migrants en Italie (soudanais, éthiopiens, syriens, etc.).
Le documentaire évoque en toile de fond la résistance face aux pressions de la mafia, l’enjeu économique de l’arrivée des réfugiés et l’organisation de l’accueil qui mobilise de nombreux habitants (éducation, santé, etc.). Des témoignages sur la traversée, les conditions de vie dans les camps et les raisons du départ s’intercalent avec les images étonnantes de la co-habitation entre deux mondes qui n’auraient jamais du se rencontrer. Quand un prêtre offre l’occasion à des migrants musulmans de prendre la parole à l’Eglise. Quand les célébrations traditionnelles regroupent à la fois les petits vieux locaux, des kurdes et des africains arrivés plus récemment.
Un paese di Calabria a des ambitions plus métaphoriques que sociologiques. Les cinéastes Shu Aiello et Catherine Catella adoptent un point de vue contemplatif pour filmer les paysages magnifiques de la Calabre et capter l’ambiance particulière d’un village fantôme en cours de renaissance. L’intégration en voix-off de récits sur l’émigration italienne au 20ème siècle donne au film une résonance particulière. Faisant le parallèle entre l’émigration d’Italiens pauvres vers la France dans les années 1950 et le parcours des africains qui arrivent aujourd’hui en Europe. Un regard historique qui donne au film un propos plus universel, à défaut de nous en apprendre autant qu’espéré sur l’organisation concrète de ce petit miracle.
A lire également sur Riace :
Un article du Monde sur http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/04/26/dans-le-sud-de-l-italie-un-village-deserte-reprend-vie-en-accueillant-des-immigres_1512969_3214.html
Un podcast de France Inter: https://www.franceinter.fr/emissions/les-histoires-du-monde/les-histoires-du-monde-31-mars-2016
Un article de Courrier International: http://www.courrierinternational.com/article/italie-riace-village-modele-de-laccueil-des-refugies
Un Paese di Calabria, un documentaire italien de Shu Aiello, Catherine Catella, durée 1h31, sortie le 08/02/2017
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Majeau
Riace, un paese di calabria
Le parti-pris “contemplatif” des cinéastes melaissent sur ma faim. Riace, un pays d’une belle humanité… Pour mon information, je suis à la recherche des témoignages de la liste d’opposition (si le Maire tremble c’est que cette liste fait valoir des arguments entendus par une grande partie de la population), de la mafia (même si cela paraît plus difficile), de la police municipale….