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[Critique] “Tombé du ciel”, le premier long métrage de Wissam Charaf fige le cadre dans la guerre

[Critique] “Tombé du ciel”, le premier long métrage de Wissam Charaf fige le cadre dans la guerre

18 March 2017 | PAR Yaël Hirsch

Après 4 courts-métrages remarqués et un parcours de reporter de guerre, le libanais Wissam Charaf a présenté son premier long métrage à l’Acid, à Cannes, en 2016. Retrouvailles entre deux frères prisonniers du cadre carré de la guerre civile, Tombé du ciel mêle rires et larmes sur nos grands écrans depuis le 15 mars 2017.

imageUn matin, Samir, milicien considéré pour mort pendant la Guerre civile, traverse le désert et revient frapper à la porte de la boîte de nuit où travaille son frère, Omar. Silencieux et balèze le combattant revenu d’un passé trop présent n’a plus d’âge. A côté, son frère poilu et boudiné en charge de leur père sénile qui vocifère des propos violents sur les croisés, les britanniques et les Ottomans paraît lent et vulgaire. Mais Samir n’arrive pas à trouver un emploi, tandis qu’Omar se met à assurer la protection d’une belle chanteuse qui entre en politique…

Dans le cadre fixe et carré imposé avec esthétisme par Wissam Charaf, les deux frères semblent coupés d’une partie d’eux-mêmes pour mariner, encore et toujours, dans le cadre d’une violence vieille de vingt ans, qui les hante et les désespère. Il y a des blagues mordantes et des personnages absurdes dans cette fable fraternelle au cœur d’un Beyrouth de ciment. Ce sont des blagues vraiment désespérées. Chez Charaf, l’on apprend l’Allemand dans Mein Kampf et à plus de 40 ans, l’on teste encore sa virilité avec l’air effrayé de celui qui a survécu à des situations où le courage ne sert à rien. L’image est superbe, les acteurs parfaits et l’impression de malédiction aboutie. Il manque peut être un certains sens du rythme à ce ballet beau et glacé de fantômes pour qu’on s’émeuve vraiment du sort des deux frères prisonniers de la guerre civile. Un réalisateur à suivre après ce film fort et décalé.


Tombé du ciel, de Wissam Charaf, avec Raed Yassin, Rodrigue Sleiman, Said Serhan, Yumna Marwan, 71 min, France-Liban. Aurora Films. Sortie le 15 mars 2017.
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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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