
A Cannes, “Aquarius”, et son joli Brésil mélancolique et forte tête
Ce film de Kleber Mendonça Filho, en forme de comédie mélancolique, présenté en Compétition à Cannes, vaut surtout pour ses acteurs, s’ébattant dans un Brésil en mutation de façon juste et malicieuse.
[rating=3]
En 1980, la jolie Clara, mariée, trois enfants, avait les cheveux courts. De nos jours, elle promène sa longue chevelure brune sur la plage qui s’étale devant son immeuble. Toujours très désirable, elle est désormais veuve, et grand-mère. Et elle s’accroche à son appartement, situé dans l’immeuble Aquarius, au milieu de logements désormais tous inhabités. La société qui possède le bâtiment a en effet un projet de résidence ultramoderne…
Dans Aquarius, tous les acteurs sont bons. Autour de Clara (Sonia Braga) s’activent des figures très vivantes et très justes : on adore le détestable Diego (Humberto Carrao), jeune homme charmeur qui fait les propositions d’achat à notre héroïne, ou la fille de cette dernière, qui en a gros sur le cœur. On croit à cette galerie de personnages solaires.
Certaines idées du film, elles, apparaissent trop peu creusées : ainsi l’immeuble totalement vide, fantomatique, eut-il pu faire un très beau thème. L’appartement symbolise, bien sûr, un sujet éternel, le temps que l’héroïne ne veut pas quitter, et les les affaires de corruption, aussi. On regrette un peu que tout se concentre autour de ce logement à saisir : le film y gagne un côté déjà-vu. Mais il reste très plaisant, très musical, très gai, et extrêmement vivant, car extrêmement bien interprété. Et puis, de temps à autre, la mise en scène de Kleber Mendonça Filho ose quelques fulgurances rafraîchissantes, et pas prétentieuses. On marche…
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Visuels : © SBS