Arts
Portraits au musée Réattu d’Arles : la collection Florence et Damien Bachelot

Portraits au musée Réattu d’Arles : la collection Florence et Damien Bachelot

05 July 2023 | PAR Nicolas Villodre
Jusqu’au 1er octobre 2023, se tient au Réattu d’Arles une exposition sobrement intitulée Portraits qui met en résonance 120 épreuves photographiques du fonds Bachelot et autant de tableaux ou de sculptures faisant partie de la collection permanente du musée.

Rencontres plus ou moins fortuites

Le musée Réattu ouvre pour la première fois de son histoire, ses cimaises à une collection privée, précise le communiqué de presse. Françoise Docquiert et Andy Neyrotti, commissaires de l’exposition, ont voulu mettre en valeur partie de la riche collection de tirages photographiques engrangés durant vingt ans par Florence et Damien Bachelot en les rapprochant ou raccrochant à des œuvres permanentes du musée Réattu. Considérant que le portrait est “une des pierres angulaires de la collection”, comme le rappelle Damien Bachelot, les organisateurs de cette monstration se sont autorisés des associations quelquefois inattendues mais parlantes entre des formes d’art différents par essence, à des années lumière les unes des autres, ayant en commun non leurs conditions de production, mais le regard du créateur sur son modèle.
 
Certaines similitudes peuvent sembler évidentes. D’autres, plus arbitraires, quoique le surréalisme ait permis, il y a déjà près d’un siècle, de tout coller ou accoler. Pour ce qui est de la photographie, le corpus fait la part belle aux États-Unis et aux valeurs consacrées. Ce qui n’est pas plus grave que ça dans la mesure où le couple Bachelot s’attache autant aux œuvres les plus “iconiques”, si l’on peut dire qu’à la qualité technique des tirages. Et là, il nous faut reconnaître que le visiteur ne saurait être déçu. À la fraîcheur artificielle de la climatisation, au calme des salles protégées par la pierre, à l’échelle humaine et à la hauteur de plafond des lieux, il est loisible de contempler autant les représentations plastiques que les productions – pour ne plus dire reproductions – photographiques.

Petite et grande histoire de la photographie

Depuis l’ouvrage de référence de Gisèle Freund, Photographie et société (1974), peu de valeurs ou de catégories ont été bouleversées. À cet égard et à leur façon, les 120 œuvres accrochées au musée Réattu “dessinent une histoire singulière de la photographie”. Arles, plus qu’une autre cité, a donné ses lettres de noblesse au Daguerréotype et il ne peut y être choquant de placer sur le même plan des chefs d’œuvre du passé et ceux à peine sortis de nos imprimantes laser. N’empêche, certains clichés nous atteignent plus que d’autres, qu’ils soient inédits ou pas.
 
On ne peut qu’être sensible à la qualité du tirage d’une des images les plus connues au monde, Young boy (1951) de Paul Strand, mis en correspondance avec un autoportrait peint par Jacques Réattu vers… 1785. Le portrait de jeune Indien Navajo pris par Carl Moon en… 1905, n’est pas mal non plus : du niveau des vues ethnographiques d’Edward Sheriff Curtis. L’un des auteurs fétiches des Bachelot, Saul Leiter, mis en avant par les commissaires, présente deux nus des plus subtils réalisés en 1958 et tirés en cibachrome. Ann Ray, dont le nom d’artiste se réfère clairement au pseudo d’un fameux autre, nous épate par plusieurs œuvres, en particulier par celle intitulée Mystères (1998), qui fait la couverture du catalogue, magnifique profil de top model. 
 
Visuel : Ann Ray, Mystères (1998) © Ann Ray 2023.
Anna Bolena : le retour d’un chef-d’œuvre du bel canto au Teatro Colón de Buenos Aires
« Une histoire de Cinéma de quartier » de Sylvain Perret : Retour sur une émission culte
Nicolas Villodre

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration