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Oda Jaune “wOnderlust” : peintures mutantes à la Galerie Templon

Oda Jaune “wOnderlust” : peintures mutantes à la Galerie Templon

11 February 2022 | PAR Anne-Sophie Bertrand

La Galerie Templon Paris expose jusqu’au 5 mars une quarantaine d’oeuvres de l’artiste Oda Jaune. Réunissant peintures, aquarelles et hologramme, wOnderlust est tant un hymne à la vie qu’un questionnement profond et intime sur la transformation des individus et de nos sociétés.

L’inclassable Oda Jaune 

Aux termes Turbulante, Tourmentée, Provocante, nous préférerons le terme “Inclassable”. Dans cette exposition, l’artiste germano-bulgare nous montre encore une fois l’étendu de son talent. Avec des références multiples, une palette de couleurs charnelles et une technicité totalement maîtrisée, elle crée un univers qui lui est unique, mais pas si utopique que ça. Comme elle le déclare dans une interview donnée à France 5, elle souhaite que sa peinture s’approche au plus près de la réalité. Et finalement, c’est peut-être cela qui nous dérange.

Nous avons face à nous des formes phalliques, une répétition de corps dénudés, des métamorphoses dans lesquelles les éléments naturels et organiques s’invitent sur la chair, là où on ne les attend pas… Scènes auxquelles nous évitons de nous confronter au quotidien. Oda Jaune nous y force avec des formats magistraux et imposants qui ne laissent d’autre choix que d’y apposer le regard. Ou au contraire, elle a recours à des formats miniatures, qui cette fois-ci – et certainement pour satisfaire nos pulsions voyeuristes, nous invitent à nous rapprocher pour mieux observer.

Passé, présent et inconnu : que cherche à nous raconter Oda Jaune ?

Et s’il n’y avait pas qu’une seule histoire ? Juste des éléments distincts mémorisés qui créent une réalité singulière ? Les toiles d’Oda Jaune sont comme des rêveries réalistes. Tout n’est qu’hybridation, fusion, greffe et matières, résolument vivant, et finalement peu linéaire. La critique Julie Chaizemartin évoque les Chysalides, c’est particulièrement vrai pour la fresque monumentale de 10m de long, Tree, autour de laquelle s’articule l’exposition.

Nous sommes immergés dans une nymphe à l’aspect aussi visqueux que viscéral. Sur le tronc central se rattachent soleil, matières cellulaires et organiques, canons sans tête, emoji masque et Balloon Dogs en flammes, embryon… Nous nous retrouvons dans une sorte de placenta dans lequel se côtoient éléments constituant de nos anatomies et références orchestrées. Nous sommes d’ailleurs entraînés dans ses abîmes. Cette fresque prend vie au sous-sol de la galerie avec l’hologramme sur lequel a travaillé Oda Jaune pendant le confinement. Magnétique, ce stade de mutation n’est-il pas plus intéressant que l’imago ? Cet entre-deux ne représente-t-il pas la principale étape de nos vies ?

Les oeuvres de Oda Jaune s’inscrivent dans un équilibre précaire entre la vision paradisiaque quasi cosmique de la vie, et le cauchemar qui semble pouvoir surgir à tout moment. L’artiste ne donne pas de réponse mais questionne d’une manière singulière nos modes de vie et de pensée, ainsi que les nouvelles réalités auxquelles nous devons inévitablement nous habituer.

Une : ODA JAUNE, Tree, 2021, 200× 1000 cm, huile sur toile. Crédits photos: Bertrand Huet-Tutti

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Anne-Sophie Bertrand

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