
Hervé Guibert Photographe
Journaliste du Monde, merveilleux écrivain de “A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie” (Gallimard) et du “Mausolée des amants” (Gallimard) et icône d’une génération sacrifiée, Hervé Guibert était aussi un grand photographe. La MEP réunit 200 tirages de l’éternel jeune-homme et une sélection définitive faite par Guibert lui-même. Jusqu’au 10 avril 2011.
A l’unisson de l’œuvre littéraire d’Hervé Guibert, ses clichés talentueux jouent la carte de l’introspection, mais d’une manière moins clinique. Les autoportraits le montrent rayonnant et irrésistiblement beau, sauf deux derniers polaroids présentés dans une vitrine. Certaines œuvres telles “Destruction des négatifs de jeunesse” (1986) ou “La bibliothèque” (1987) représentent en mode nature morte le monde du brillant jeune-homme. Les séries du musée Grévin ou des museums d’histoire naturelle sont autant de vanités qui dépeignent les états d’âmes de l’artiste, encadrés d’extraits du “Mausolée des amants”.
Ballade de la dépendance amicale plus que sexuelle, la majorité des clichés de Guibert immortalisent son monde : petits et grands amis sont saisis dans leur intimité, qu’il s’agisse d’Eugène, Christine, Balthus, Patrice Chéreau, Isabelle Adjani ou Michel Foucault, mystérieux et triomphant dans la pénombre, en robe de chambre. Une œuvre intimiste, qui évolue de festival en évènement culturel dans des volutes de fumée qui semblent déjà prémonitoires de la malédiction qui a soudainement frappé le Wunderkind d’une génération sacrifiée. Envoûtant.
Visuels
Hervé Guibert, Autoportrait, New-York, 1981, copyright Christine Guibert
Hervé Guibert,Destruction des négatifs de jeunesse, 1986, copyright Christine Guibert