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“Une face peut en cacher une autre”, exposition de Bernadette Chéné : Un soin apporté aux matières pour une évocation du temps

“Une face peut en cacher une autre”, exposition de Bernadette Chéné : Un soin apporté aux matières pour une évocation du temps

24 May 2019 | PAR Pauline Lisowski

Bernadette Chéné utilise des matériaux simples, communs et du quotidien, pour leur qualité plastique et l’aspect tactile qui en émane. Marquée par les techniques du tissage et les pratiques de la tapisserie, l’artiste compose des œuvres qui incarnent un rapport au temps long, à la minutie d’un geste. Ses œuvres naissent souvent des lieux qui l’accueillent. Elles répondent à l’architecture, résonnent avec son histoire et l’esprit qui y règne.

Elle présente ses dernières œuvres, des pièces composées de nombreuses matières, papiers journaux, bois, feuilles d’arbres, métal. Elle les plie, roule, assemble, combine pour créer des formes géométriques, des cercles, des triangles, des colonnes ou des pyramides. L’artiste est marquée par l’art minimal et par l’arte povera. Ses sculptures convoquent le cycle de la nature et amènent à prêter attention à toutes les faces, à tourner autour pour comprendre la tenue des éléments entre eux. Ses figures font naître un certain mouvement, une légèreté en tension.

Ses œuvres parlent du temps, celui des matériaux, celui de la nature, celui quotidien des journaux. Elle les conserve avec soin, ne les découpe pas mais les tord et les rassemble pour faire naître des volumes de papiers « par respect, dit-elle, pour cette charge d’écrit qui forme histoire ».

Ses dessins à l’encre relèvent d’une fluidité, trace déposée qui fait écho à ses sculptures. L’épaisseur et la finesse du trait renforcent la puissance du vide. Ses séries témoignent d’une union, d’un lien et suggèrent d’autant plus une organicité, en relation avec les matériaux naturels qu’elle utilise dans ses pièces en volume.

Ses sculptures de papier condensent une mémoire des gestes et du vivant. Ses compositions réalisées à partir d’éléments issus des arbres présentent une grande finesse, témoignage de son attention à la nature, fragile, éphémère. D’autres pièces en bois renvoient à l’écorce, cette partie de l’arbre où se révèle couche par couche l’épaisseur du temps qui passe. Ses matériaux continuent de vivre au fur et à mesure, comme le papier journal ou la feuille de laurier.

Ainsi, les œuvres de Bernadette Chéné fonctionnent comme des strates à soulever pour découvrir les profondeurs d’une matière qui a vécu. Par l’effeuillage s’ouvrent des facettes qui invitent à toucher. Rigueur des formes, soin porté à la matière, vide et plein se condensent dans ce travail d’une grande finesse.

 

Galerie La Forest Divonne, Paris
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