MAM : Superbe rétrospective Sonia Delaunay qui permet de voir tous les supports de son art
Première grande rétrospective consacrée à Sonia Delaunay (1885-1979) au Musée d’Art Moderne depuis celle de 1967, Les couleurs de l’abstraction réunit 400 œuvres où l’on découvre la trajectoire personnelle de la chantre du simultanéisme, qui a survécu et créé près de 40 ans après le décès de son partenaire et époux, Robert, en 1951. Une exposition majestueuse qui met en valeur tous les aspects du travail de Sonia Delaunay.
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Alors que Sonia Delaunay a fait don en 1964 des œuvres et archives de son couple au Musée d’Art Moderne, et alors qu’elle est demeurée dans l’Après-Guerre une référence et une consœur vibrante pour les jeunes artistes abstraits, représentés notamment par la Galerie Denise René, le MAM accueille la première grande rétrospective dédiée à cette artiste majeure du 20ème siècle (exposition qui ira ensuite à la Tate Modern à Londres, du 15 avril au 9 août).
Organisée de manière chronologique et sous-titrée Les couleurs de l’abstraction, cette rétrospective commence avec les portraits très “fauves” de finnoise que Sonia Delaunay, d’origine russe, a pu réaliser dans sa prime jeunesse. On entend parler d’un premier mari, Albert Uhde, qui permet à Sonia d’acquérir la nationalité française, mais on en apprend peu sur ses années d’études parisiennes et la rencontre avec Robert. On arrive très vite leur travail commun et leur théorisation du simultaniéisme qui consiste à contraster les couleurs.
Ces couleurs, on voit bien que Sonia Delaunay les a vivifiées à la lumière de ses voyages en Espagne et au Portugal. Et l’on comprend assez vite qu’elle les a aussi bien apposées sur toile (magnifiques toiles, notamment du Bal Bullier), 1913) que pour illustrer des textes (La prose du transsibérien de Blaise Cendrars, 13913) ou sur du tissus.
En effet, au 19, Boulevard Malesherbes, où elle vivait avec son mari et son fils, Sonia Delaunay a construit une véritable “fabrique” de mode art déco. Colorées, géométriques, ses créations font partie du paysage parisien, et l’exposition est riche de plusieurs photos où Sonia Delaunay se fait ambassadrice du simultanéisme textile. Tapis et tissus d’ameublement, mais aussi costumes et décors de théâtre (Cléopâtre de Diaghilev, en 1918) passent également par le même prisme.
Dans les années 1930, le couple est célèbre et on leur demande de représenter la France à de nombreux événements internationaux, dont l’exposition de 1937 et il est fabuleux, à quelque spas de la fameuse Fée électricité de Raoul Dufy, de voir, grandeur nature, les panneaux réalisés par les Delaunay pour le Palais de l’air.
Après la guerre, alors que Robert Delaunay disparaît en 1951, l’on comprend que Sonia reste à la fois dans une conceptualisation de son art, avec un pratique et une influence sur l’art abstrait. Mais également ce grand artisan, qui parvient à appliquer ses concepts aussi bien au design qu’aux grands formats de peinture ou aux gouaches.
Extrêmement riche, nécessairement colorée, et bien construite, la rétrospective que le MAM consacre à Sonia Delaunay donne même la parole au cœur de l’exposition à cette grande Dame. Trouvant le juste équilibre entre l’oeuvre du couple et celle de l’artiste seule, ces “couleurs de l’abstraction” permettent de mesurer l’étendue du savoir-faire et la profondeur de la réflexion de Sonia Delaunay. Une toute grande exposition.
visuels (c) Mam et page facebook du Mam.