Les visions contemporaines de Myriam Mechita au Transpalette de Bourges.
Du 14 février au 6 avril 2019, le Transpalette de Bourges accueille « Je cherche des diamants dans la boue » exposition rétrospective consacrée à l’artiste Myriam Mechita sous le commissariat de Julie Crenn.
Par : Clara Berthiaux
Cette exposition à caractère monographique met en miroir des œuvres de jeunesse et des pièces plus actuelles de l’artiste où se mêlent dessin, bronze, œuvre sonore, céramique… Une multiplicité de médiums qui permet une immersion totale dans les visions et mythologies personnelles de l’artiste.
A son entrée dans l’exposition, le visiteur est immédiatement happé par l’atmosphère opaque créée par la synesthésie qui s’opère entre les médiums. Le vaste espace du rez-de-chaussée est occupé par un dialogue entre les dessins grands formats et l’installation d’un amas de terre central où apparaissent de ça de là les céramiques de Myriam Mechita. L’ensemble est enveloppé par un enchaînement de mots dictés par l’artiste et rassemblés dans une œuvre sonore, sorte d’écho aux voies intérieures de l’artiste. L’ouïe et la vue se confondent, les matières s’entremêlent et s’articulent autour de la Terre : une impression de « chaos organisé » émerge.
Aux murs la série de dessins en noir et blanc se détache sur un fond rouge qui accentue à la fois la torsion des corps et la violence animée par le trait de l’artiste. C’est de cette manière que Myriam Mechita a décidé d’abattre les frontières entre le beau et le laid et vient troubler nos perceptions et notre recherche du beau dans un monde qui est finalement toujours plus violent.
Au premier étage on découvre une galerie de portraits de l’artiste, « 1001 faces of love », une série de 75 assiettes en céramiques émaillées. C’est un travail de mémoire que livre l’artiste particulièrement sensible notamment à la place négligée qui a été laissée aux artistes femmes dans l’Histoire de l’Art.
Avec le troisième étage, la série Tu vas comprendre rassemble 111 dessins dans un mono-traitement de rouge et de noir. Cette série débutée à New York est le résultat de la rencontre de l’artiste avec une voyante. Elle lui confie ses visions, ses rêves, pour les retranscrire ensuite sur le papier. On y retrouve éparpillées les références personnelles de l’artiste comme Fra Angelico, David Lynch, Malevitch ou encore la figure du chien omniprésente dans ses rêves. Cette série fait figure de journal personnel de l’artiste, mis en scène dans un accrochage intuitif fruit de la collaboration entre Myriam Mechita et Julie Crenn.
Lors de l’inauguration de l’exposition, la performance Je plonge dans l’infini, heureuse s’est ajoutée aux représentations plastiques des mythologies personnelles de Myriam Mechita. Trois pleureuses étaient ainsi invitées à déambuler dans l’exposition, interpellant à la fois le public et les œuvres.
C’est alors que le titre de l’exposition prend tout son sens « Je cherche des diamants dans la boue » extrait d’un film que l’artiste a réalisé en hommage aux Diaboliques de Georges Clouzot : la manifestation du beau dans tout ce que l’homme a de plus sombre.
Visuel : © Myriam Mechita _ Conjurer le sort _ © Myriam Mechita ADAGP Paris 2019.tif