Politique culturelle
[Interview] Julie Crenn “Je suis très féministe donc j’espère qu’il y aura une certaine parité à la Slick”

[Interview] Julie Crenn “Je suis très féministe donc j’espère qu’il y aura une certaine parité à la Slick”

27 June 2016 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Du 19 au 23 octobre se tiendra la French Scene Art Fair, entendez la Slick. Cette mention ajoutée au nom de la foire est le signe d’un changement puisque en 2016, SLICK devient la première foire d’art contemporain dédiée exclusivement à la scène artistique française. Pour accompagner ce changement, la critique d’art et commissaire d’exposition Julie Crenn est nommée directrice artistique de SLICK. Rencontre un jour de printemps sur un toit de Paris.

Du 19 au 23 octobre se tiendra la French Scene Art Fair, entendez la Slick. Cette mention ajoutée au nom de la foire est le signe d’un changement puisque en 2016, SLICK devient la première foire d’art contemporain dédiée exclusivement à la scène artistique française. Pour accompagner ce changement, la critique d’art et commissaire d’exposition Julie Crenn est nommée directrice artistique de SLICKRencontre un jour de printemps sur un toit de Paris.

 

Est-ce que la Slick est officiellement un off de la FIAC ?

Slick est une foire à part entière puisqu’elle existe depuis 10 ans.

Si la FIAC n’était pas à Paris à ce moment-là, est-ce que la Slick serait là aussi ?

Oui bien sûr.

Qui êtes-vous ?

Je suis critique d’art et commissaire d’exposition, docteure en histoire de l’art. On m’a cette année confié la direction artistique de Slick, pour re-dynamiser la foire, lui donner un nouveau visage.

Vous avez une image très contemporaine. Parmi les offs, c’est là où on va trouver le plus d’avant-garde par rapport au reste. Est-ce que vous voulez continuer dans cette optique-là, ou qu’est-ce qui va changer cette année ?

 

La foire prend cette année une nouvelle direction, dorénavant la scène française sera mise en avant. Elle comprend les artistes français mais aussi les artistes internationaux qui travaillent en France, donc c’est une scène française au sens élargi.

(NDLR : Pour sa 11ème édition, la foire d’art contemporain SLICK donne la parole aux mécènes qui permettent aux artistes de continuer à produire des œuvres et aux galeristes de continuer à exposer ces artistes. L’Oeil du Collectionneur réunit six collectionneurs français : Olivier Louf-Meersseman, Evelyne Deret, Michel Poitevin, Marty de Montereau, Brice Royer, Jean-Pierre Marois.  Chacun d’eux choisira de trois à cinq artistes présentés par les galeries de SLICK dont le travail les touche particulièrement. Un court texte expliquant ce choix et leur intérêt accompagnera la présentation de l’œuvre.)

Quels ont été vos désirs quand on vous a proposé ce poste ?

Je ne voudrais pas que la foire se résume la ce qu’on appelle la scène émergeante. Il est préférable de montrer la scène française dans tout ec qu’elle recouvre avec des artistes qui ont entre 25 et 90 ans. J’aimerais aussi souligner la présence d’artistes qui ont moins de visibilité, c’est-à-dire, qui ont plus de 40 ans. De plus, les galeries présentes sur la foires seront actives en France, mais aussi en Europe afin de témoigner du rayonnement des artistes français.

 

Comment se passe la sélection des artistes ?

          
Je suis critique d’art depuis 2008, je m’intéresse principalement à la scène française, j’aimerais donc mettre mon expérience à profit. En tant que critique et commissaire je défends un certain nombre d’artistes, j’espère pouvoir travailler avec eux lors de la foire et en découvrir d’autres.

Est-ce qu’il y a une ligne directrice, des points communs flagrants entre les artistes ?

Dans mon travail, la question du politique, de l’Histoire et de la mémoire constitue le cœur de mes recherches. Je ne souhaite pas que mes recherches personnelles empiètent trop sur la sélection des artistes afin de ne pas limiter tout ce que peut être la scène française, dans toute sa diversité.

Est-ce que vous avez envie de montrer une pluralité au niveau des matériaux utilisés, des techniques, de l’art vidéo ?

Bien sur, c’est pour ça que je dis que c’est au sens le plus large. Ce sont tous les médiums confondus. Même si j’ai un intérêt fort pour la peinture, la foire sera pluridisciplinaire et multimédia.

 

La Slick se présente d’une manière plutôt classique au niveau de circulation de l’espace. Même s’il y a eu un effort sur la scénographie avec de grosses installations au fond du salon. Est-ce que vous avez certains désirs d’installations, de parcours ?

Cette année la gestion de l’espace et de la scénographie sera complètement nouvelle. Nous allons accentuer un décloisonnement pour en finir avec les stands classiques. La foire ressemblera davantage à une exposition.

Une foire reste un espace de vente, mais ce n’est pas que ça, il y a ceux qui viennent découvrir le travail des autres.

 Oui, la foire est à la fois un espace de curiosité, de découvert, et de vente.

Donc cela impose des stands ?

Non pas nécessairement, il y a des foires qui trouvent des nouveaux modèles avec une scénographie flexible et modulaire. Il y a un gros travail à mener au niveau de la scénographie de la foire.

 

Est-ce que vous avez une foire en tête qui a pu vous marquer à l’étranger ?

Ma foire favorite aujourd’hui est Art Brussels. Ça respire, les gens y sont véritablement attentifs à l’art. Il y a de plus grandes prises de risques, on découvre plus de choses, c’est d’ailleurs ce qui me plait d’une manière globale en Belgique.

Quelle est la différence entre être commissaire d’exposition pour une exposition classique, et l’être pour une foire ?

Jusqu’à présent je pense une exposition comme un projet de recherche, avec une problématique avec laquelle je réfléchis avec un groupe d’artistes. La direction artistique d’une foire est un exercice nouveau pour moi, je vais y injecter mon travail de commissaire tout en gardant une idée globale : montrer la scène française.

 Pourtant, quand on va dans ces offs, on y va aussi pour voir ce qu’il se passe, des gens qu’on n’a pas l’habitude de voir.

Au travail de commissaire j’ajoute le travail de critique d’art, je souhaite rendre visible des artistes dont j’estime que le travail est important et qu’il est significatif de quelque chose sur la scène française. Par mes choix, je souhaite montrer un petit panorama de la scène française.

 Est-ce que votre arrivée va donner un changement de nom à la Slick ?

Non, ça restera la Slick. Il n’y a aucune raison de changer le nom.

Où en êtes-vous au niveau de la sélection d’artistes ?

 

Le dépôt de candidature est le 30 juin, nous avançons dans la discussion avec un groupe de galeries.

Il y a donc les galeries que vous allez voir pour leur proposer une place dans la foire, et celles qui candidatent. Comment tout cela se passe, comment on arrive à la Slick ?

Ils doivent remplir un dossier de candidature dans lequel figure un projet. J’aimerais qu’il y ait un maximum de focus afin que les visiteurs puissent entrer véritablement dans le travail de l’artiste présenté. Le focus favorise à mon sens la lisibilité du travail.

Des galeries sont fidèles à la foire, je pense notamment à la galerie binôme qui y participe depuis quelques années. De même pour la galerie Claire Gastaud, à qui j’ai demandé de présenter le travail d’Henri Cueco, un peintre dont j’admire le travail et qu’on voit trop rarement.

 

En dehors de la Slick, vous avez monté des expositions dans quels lieux et sur quoi ?

Depuis 2013, je travaille avec des galeries. J’ai montré une première exposition à la galerie Lot10 à Bruxelles, puis à Paris à la galerie 22m48, chez Patricia Dorfmann ou encore chez Polaris. En ce moment je présente une exposition à la galerie Maubert. Je travaille aussi avec des centres d’art et des musées (La Graineterie à Houilles, l’Artothèque à Caen).

Depuis 2014, je développe un projet d’exposition intitulé Sans tambour ni trompette – Cent ans de Guerres, qui s’égraine tous les ans dans différents lieux et différentes villes. Il sera cette année présenté au FRAC Aquitaine entre les mois de septembre et décembre. Comme je vous le disais précédemment les notions d’Histoire, de mémoire et de politique traversent mes recherches. La question des genres et du féminisme est aussi très importante pour moi. En tant que commissaire féministe, j’espère que les femmes artistes seront bien représentées dans la foire !

 

Visuels :

1- Aurélien Maillard, Sans titre (impact circulaire) pièce issue de la série des impacts, 2012, bois peint marqueté et collé, 361 x 300 cm, profondeur variable, Courtesy galerie Cédric Bacqueville

2- Thibault Brunet, Sans titre, série Typologie du virtuel, 2013-14, tirage jet d’encre papier Canson rag photo, encadrement verre museum, 50 x 50, 100 x 100 cm, édition de 5, Courtesy Galerie Binôme

3- et Une : @ Stephane Fedorowsky

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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