
“Les militantes” exposées chez Guerlain
Depuis 2006, la maison Guerlain expose des femmes artistes dans sa boutique iconique des Champs-Élysées. En cette semaine d’art, elles sont 21, elles sont internationales, de plusieurs générations et elles militent cette fois-ci les nid de la ruche de « Bee art » by Guerlain, sous la houlette d’Ann Caroline Prazan.
Lorsque l’on entre dans l’élégant écrin de la boutique Guerlain des Champs-Elysées, la première œuvre qui nous marque est une grande photo d’ Elea Jeanne Schmitter mettant en avant un buste sanglé et écrasé par une ceinture de sécurité. En plein octobre rose, le fond de l’air est bleu et la mise en cause de modèles masculins pour penser et mouler notre sécurité est frappante. Plus bas, dans les tissus et les ors merveilleux de la boutique, la transparence du verre sur le carton triste et foisonnant de la Maison malade de Jeanne Susplugas frappe et questionne. L’artiste développe cette installation qui interpelle depuis 1999. Non loin, la Vénus ouverte et noire de Jeanne Vicérial fait penser à une noble dame andalouse en deuil. Au fond, l’installation à la fois minimale et sonore de Min Zhang laisse l’espace de réfléchir.
De passage au rez-de-chaussée, les sculptures de tissus de Francesca Pasquali nous envoûtent de couleurs puis le bel escalier nous mène à l’étage, au coeur de la ruche où le cèdre rouge de la Colonne vertébrale de Béatrice Arthus-Bertrand irradie, tandis que le buste de Dalila Dalléas Bouzar inquiète autant qu’il séduit.
Dans un salon excentré, nous attendent du Louise Bourgeois, du Kiki Smith et du Niki de Saint Phalle, éternelles militantes, mais aussi des oeuvres de Tirdad Hashemi et d’Etel Adnan. La photo contrastée de Sir Zanele Muholi interpelle, tandis que le dessin de Thu-Van Tran évoque une destruction totale.
Ainsi à travers un espace délicat, doré, poudré, ces militantes venues du monde entier font passer des messages sur les épreuves que connaissent les femmes et l’humanité. Un ensemble qui donne à réfléchir et à parler. A découvrir en entrée libre chez Guerlain, 68 avenue des Champs Elysées, 75008 Paris, jusqu’au 14 novembre 2022 .
visuel (c) affiche : Dalila Dalléas Bouzar, Ma demeure #8, 2019 Huile sur toile, 60 X 50 cm Courtesy de l’artiste et de la Galerie Cécile Fakhoury, Abidjan, Dakar, Paris © Grégory Copitet, ADAGP / Jeanne Susplugas, La maison Malade (c) Brice Pelleschi / Béatrice Arthus- Bertrand, Colonne vertébrale, (c) Pierre Mouton