Fabrice Hyber : La Vallée
Fabrice Hyber s’expose à la Fondation Cartier du 8 décembre 2022 au 30 avril 2023. Conçue comme un enseignement, l’exposition des œuvres de Fabrice Hyber consacrées à La Vallée, bocage vendéen où l’artiste a grandi, vit et a planté plusieurs dizaines de milliers d’arbres, est distribuée au sein de diverses classes d’école où les œuvres remplacent les tableaux noirs.
Par Marc Bittoun
Une exposition qui se veut didactique
Pour cette exposition, la Fondation Cartier a rassemblé un nombre important d’œuvres de l’artiste. Celles-ci évoquent plusieurs thématiques chères à Fabrice Hyber dont la bio diversité, l’agriculture, le rôle fondamental des arbres et des forêt dans l’éco système planétaire, l’évolution du genre humain, l’exploitation des ressources terrestres comme le pétrole auquel l’artiste consacre deux toiles monumentales.
Les œuvres incitent au réveil environnemental des populations tout en nous rappelant la fragilité des ressources de notre planète. D’un premier coup d’œil, on a le sentiment qu’il sera difficile de percevoir le message que Fabrice Hyber souhaite délivrer, tant les œuvres sont riches et denses en mêlant représentations graphiques, schémas parfois techniques (les deux toiles consacrées au pétrole en sont une illustration presque caricaturale) et textes souvent en Français et en Anglais. Bref, on l’aura compris, l’approche initiale est complexe et on a le sentiment d’une présentation confuse voire brouillonne par l’artiste.
Le cheminement à travers les classes d’école installées pour l’occasion (avec tables et chaises d’écolier) vient pourtant soutenir la volonté didactique de Fabrice Hyber qui est même renforcée par l’organisation de cours du soir, « Les Voix de la Vallée », tous les jeudis de 19h à 20h, et par les sessions organisées au fil de l’eau par les nombreux médiateurs présents dans l’ensemble des salles d’exposition.
La visite laisse toutefois le visiteur perplexe. Si l’effort et le désir didactiques sont réels et semblent sincères, la réalisation est mitigée. Les classes d’école ne suffisent pas à atténuer la grande complexité des œuvres présentées. Il est dès lors dommage qu’il faille nécessairement accompagner la visite par les explications données par les médiateurs ou le visionnage de vidéos accessibles depuis les smartphones via les QR codes positionnés à côté de chaque œuvre, car cela induit inévitablement une dose de subjectivité dont le discours sous-jacent nuit à l’opinion que chacun est en droit de se forger librement.
Mais une exposition polémique
Les œuvres se rassemblent évidemment autour de la conscience environnementale et de la protection de la planète.
La plantation d’une quantité impressionnante d’arbres par Fabrice Hyber dans La Vallée (l’artiste annonce 30,000 arbres plantés dans la vidéo jouée à l’entrée de l’exposition) ne fait aucun doute sur la sincérité de sa démarche et sur son engagement réel.
A travers les toiles exposées, Fabrice Hyber nous invite à nous interroger sur notre rapport parfois complexe à l’agriculture, à la forêt, à la biodiversité … et d’une manière générale à la planète. Son invite est légitime et fondée.
C’est la méthode qui nous est apparue plus discutable. En effet, certaines de ses œuvres utilisent la résine époxy et même le pétrole. Il devient alors difficile pour le visiteur d’adhérer au discours que soutient Fabrice Hyber et on a du mal à comprendre s’il dénonce ou utilise sans questionnement (ou sans scrupules ?) des matériaux dont chacun sait qu’ils contreviennent sans ambigüité à l’intégrité de la planète.
On ressort ainsi de l’exposition avec des sentiments mêlés et force est de constater que Fabrice Hyber semble avoir manqué quelque chose dans la présentation de La Vallée.
visuels(c) LW
