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Du Moyen-Orient à l’Amazonie brésilienne avec la MEP

Du Moyen-Orient à l’Amazonie brésilienne avec la MEP

24 January 2020 | PAR Zoé David Rigot

Il est rare que la Maison Européenne de la Photographie parvienne à décevoir et il est tellement bon de voyager quand on se déplace dans une exposition ! C’est aux paysages désertiques, aux zones abandonnées, et aux forêts délaissées de venir nous surprendre. Une exposition en trois temps, avec trois photographes.

Manon Lanjouère et la “Demande à la poussière” dans le Studio

C’est la première exposition personnelle que la jeune photographe française offre à son public, et ce dans une institution. C’est délicat, les tirages s’effacent et se troublent, pour mieux venir nous interroger. Les photographies, les fausses archives, les documents scientifiques et textes littéraires semblent venir de loin – dans l’espace, dans le temps – et pourtant ils touchent l’intimité du regard qu’ils font trembler. L’artiste pluridisciplinaire nous parle de la foudre dont s’échappe des bribes d’histoires faites de vapeur et de phrases poétiques, qui résonnent et ricochent le long des murs. Inspirée par le théâtre, elle fait de la fiction un sujet d’observation, usant de la mise en scène afin de mieux nous faire entrer dans le monde des souvenirs et de la mémoire subjective.

Une rétrospective d’Ursula Schulz-Dornburg, “Zone Grise – The Land in Between”

C’est aussi la première rétrospective de la photographe allemande et grande voyageuse Ursula Schulz-Dornburg en France. Chercheuse passionnée et artiste dont les clichés sont quelque peu minimalistes, elle a voyagé dans les zones de frontières, sur des terrains de conflits divers – les photographies d’une précision technique éblouissante que nous pouvons voir ont toutes été prises entre 1980 et 2012. La MEP présente son itinéraire photographique à travers l’Irak, la Syrie, la Mésopotamie et l’Arménie dans une exposition très bien configurée. Ses photos sont toutes extraordinaires, amenant les temps anciens dans les traces du présent, et elles semblent parfois surréelles. Des gens au beau milieux de grands espaces désertiques, des lieux immenses et désolés d’où nous pouvons encore sentir le vent chaud et la poussière émaner. C’est d’un calme inquiétant, mystérieux, et d’une puissance étonnante – on est complètement transporté dans ces zones liminaires et déjà distantes.

“Amazônia : Vie et mort dans la forêt tropicale brésilienne”, de Tommaso Protti

C’est sur le Prix Carmignac du photojournalisme que finit l’exposition. Ce prix a pour objectif de soutenir la production d’un reportage d’investigation photographique dans une région du monde où les droits de l’homme fondamentaux sont menacés. Tommaso Protti, photographe italien vivant au Brésil depuis 4 ans, a décidé de documenter la déforestation de la forêt amazonienne – sujet très actuel. Dans cette superbe et terrible exposition, il dévoile plusieurs des profils qu’on peut trouver aux alentours de la forêt tropicale : les exploitants, les autochtones, les laissés pour compte, les gangs.  Le spectateur est immédiatement absorbé par le travail énorme et poignant qu’a réalisé le photographe – le travail du commissaire d’exposition est aussi remarquable, tout autant pour la disposition des images que pour les vidéos et la bande son qui nous suit dans l’espace. 

La MEP nous offre donc trois univers qui parlent eux-mêmes d’espaces bien différents. Il faudrait faire une pose entre chacun d’eux afin de mieux savourer !

Cette exposition absolument immanquable a lieu jusqu’au 16 février 2020.

 

 

 

 

Visuel d’en tête : © Tommaso Protti pour la Fondation Carmignac

Visuels Manon Lanjouère : © Manon Lanjouère

Visuels Ursula Schulz-Dornburg : © Ursula Schulz-Dornburg

Visuels Tommaso Protti : © Tommaso Protti pour la Fondation Carmignac

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