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Annette Haudiquet et Marie Bazire nous parlent de l’exposition Raoul Dufy au MuMa

Annette Haudiquet et Marie Bazire nous parlent de l’exposition Raoul Dufy au MuMa

28 August 2019 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Annette Haudiquet est Conservateur en chef et Directrice du MuMa – Musée d’art moderne André Malraux. Marie Bazire est Responsable du Service des publics. Elles ont toutes deux accepté de nous parler de l’exposition Raoul Dufy  au Havre qui se tient jusqu’au 3 novembre

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Quel est le lien entre Dufy et le MuMa ?

AH- Dufy est après Eugène Boudin l’artiste le plus représenté dans les collections du MuMa. Avec 128 pièces, le MuMa est donc l’un des musées les mieux dotés au monde en œuvres de Raoul Dufy.

Comme pour Boudin, cela tient au lien fort et historique qui unit l’artiste à la ville du Havre, et à la générosité de leur famille qui a donné (Boudin) ou légué (Dufy) un nombre d’œuvres très conséquent au musée.

Les premières œuvres de Dufy à entrer dans nos collections sont données par Dufy lui-même, très tôt, en 1900 (il a alors 23 ans). Il faudra attendre 1936 pour qu’une première acquisition soit faite (une aquarelle), et c’est donc essentiellement le legs que fait la veuve de Dufy en 1962 de 70 œuvres de son mari qui vient constituer le fonds de la collection du MuMa. Après cette date, des dépôts du Musée national d’art moderne, quelques dons et de nouvelles acquisitions (surtout des œuvres des débuts) sont venus enrichir de manière significative le fonds.

Hors focus, où sont exposées les autres œuvres de Dufy ?

AH-Nous avons choisi de présenter parallèlement à l’exposition « Dufy au Havre » les œuvres de Dufy nous appartenant. La quasi-totalité des peintures est exposée, ainsi que 2 céramiques, dans un espace contigu à l’exposition. Et les dessins sont eux aussi présentés, par roulement, dans une petite salle spécialement dédiée à l’exposition des œuvres sur papier, qui sont des œuvres particulièrement sensibles à la lumière. C’est pour nous l’occasion de revenir sur l’histoire du legs de Mme Dufy, de comprendre les circonstances et les raisons des choix qui ont été opérés pour le musée du Havre. Un éclairage passionnant !

Quel est l’apport de l’exposition ?

AH-La place tenue par le paysage havrais et sa lumière dans l’œuvre de Raoul Dufy, si elle est communément admise, n’avait jamais été analysée ni mise en évidence à ce point. Avec près de 85 œuvres, dont un ensemble jamais présenté au public (provenant de collections privées pour l’essentiel), couvrant toute la production artistique de Dufy, de ses tout débuts jusqu’à la fin, l’exposition souligne l’importance de ce paysage, lieu d’expériences sensibles fondatrices, dans le parcours esthétique de l’artiste. C’est sur la plage du Havre et de Sainte-Adresse, hauts lieux de l’impressionnisme, que Dufy rompt avec cette tradition dont il est pourtant un véritable héritier. Il le dit lui-même : « J’ai sous le yeux les plus beaux spectacles maritimes que l’on puisse rêver, mais il faut concentrer, synthétiser et tout réinventer » ! Il s’y emploiera toute sa vie durant.

Quels sont les temps proposés au public ?

MB-Comme à l’occasion de chaque exposition temporaire, le MuMa propose d’une part à ses visiteurs différents temps de visite de l’exposition (sous différentes formes : traduites en LSF, en famille, pour les enfants…) et d’autre part différents temps forts sous la forme de concerts, de rencontres… Le fil conducteur cette année a été de mettre en avant le lien étroit entre Dufy et la musique : nous avons notamment proposé, au cœur de l’exposition, différents concerts mettant à l’honneur les compositeurs admirés par le peintre. Nous faisons ainsi le pari, notamment, qu’un dialogue se tisse, pour nos visiteurs, entre peinture et musique. A l’occasion de conférences, nous avons également évoqués les liens étroits entre Dufy et Le Havre, à travers la littérature pour l’une d’entre elle. Notre programmation s’appuie comme vous pouvez le voir sur un croisement entre les disciplines artistiques. Et pour ouvrir encore un peu plus le champ des possibles, nous avons proposés différents ateliers de pratique artistique, dont certains commençaient par une balade en mer à bord de voiliers pour voir, d’un autre point de vue, la ville si chère à Dufy.

Avez-vous une programmation spécifique pour les enfants ?

MB-Oui, sous différentes formes. Nous organisons des ateliers de pratique artistique, des visites spécialement destinées aux enfants. Cette année nous avons aussi réalisé un carnet de dessin permettant aux petits de cheminer dans l’exposition tout en s’interrogeant sur les transformations que la ville du Havre a pu connaître depuis l’époque de Dufy. Un espace pédagogique est également dédié aux plus jeunes avec différentes propositions, dont un court film d’animation qui raconte de façon poétique le rapport, chez Dufy, entre la ligne et la couleur. Une lecture de contes est venue, en juillet, compléter tout ce programme.

 

Raoul Dufy au Havre, jusqu’au 3 novembre au MuMa. Infos et réservations.

 

Visuel : Raoul Dufy, La Baignade, 1906, Huile sur toile, 65 x81 cm, Collection particulière, Courtesy Galerie Von Vertes, Zürich © Walter Bayer / Galerie Von Vertes Zürich GmbH /Adagp, Paris 2019

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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