“Sécurité Globale” : la marche de samedi interdite mais le rassemblement autorisé
Une marche entre la place de la République et la place de Bastille contre la loi “Sécurité Globale” devait avoir lieu ce samedi 28 novembre 2020. Elle a été interdite ce mardi par un arrêté du préfet de police Didier Lallement en raison de la crise sanitaire. En revanche le rassemblement place de la République est autorisé.
La loi “Sécurité Globale” est arrivée comme un cheveu sur la soupe pour clore cette année 2020 qui n’a pas été de tout repos. L’article très controversé qui met en danger les libertés individuelles et la liberté de la presse en interdisant de diffuser des images de policiers a été adopté la semaine dernière. Cela a soulevé un fort vent de contestation.
Une décision paradoxale
Le syndicat national des journalistes (SNJ), le Syndicat national des journalistes CGT (SNJ-CGT), la CFDT journalistes et le Syndicat général des journalistes FO (SGJ-FO) ont prévu de manifester samedi. Mais comme rien ne se déroule sans embûche cette année, la marche est interdite par la préfecture de Paris. Néanmoins il est autorisé de se rassembler place de la République.
Un paradoxe invoqué par la préfecture en utilisant le contexte sanitaire : “Seules les participations organisées de manière statique sont susceptibles d’éviter le brassage des populations et donc de prévenir la propagation du virus, ou du moins la ralentir fortement, si elles sont organisées dans des espaces extérieurs suffisamment importants pour que la distanciation d’un mètre minimale entre deux personnes puisse être facilement respectée”, explique le préfet de police Didier Lallement.
Une lettre ouverte au premier Ministre
Par ailleurs, plus de 40 organisations demandent ce jeudi 26 novembre 2020, le retrait de cet article dans une lettre ouverte à Jean Castex. Le Premier ministre avait annoncé la volonté d’instaurer “une commission indépendante chargée de proposer une nouvelle écriture de l’article 24″. Cette dernière n’aura finalement pas lieu. Le cabinet de Matignon annonce ce vendredi après-midi que la commission indépendante ne serait pas chargée de réécrire le controversé article 24.
Cependant le collectif “La Marche des libertés” refuse l’invitation d’une rencontre avec le Premier Ministre : “Monsieur le premier ministre, la liberté de la presse et la liberté d’informer sont mises à mal en France. Vous aviez accepté d’entendre à ce sujet, ce jeudi, des représentants de la profession. La décision du préfet de police de Paris d’interdire le parcours de la Marche des libertés prévue samedi dans la capitale, attentant à une autre liberté fondamentale, celle de manifester, nous a conduits, à l’instar des syndicats de journalistes, à décliner cette invitation. Nous vous le disons ici solennellement : il y a urgence à sortir de cette spirale délétère pour la démocratie.”
L’affaire Michel Zecler :
C’est dans ce contexte que l’on a appris jeudi soir les violences policières subies par Michel Zecler. Une vidéo relayée par le media d’information Loopsider met en lumière le passage tabac d’un producteur de musique par trois policiers. La vidéo est devenue virale et fait le tour des réseaux sociaux.
Le Président Emmanuel Macron s’est dit “plus que choqué” après avoir visionné la vidéo. Tandis que jeudi soir le Ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a annoncé sur Twitter la suspension des policiers acteurs de ces violences.
[Intervention à Paris 17ème]
Je me félicite que l’IGPN ait été saisie par la justice dès mardi.
Je demande au préfet de police de suspendre à titre conservatoire les policiers concernés. Je souhaite que la procédure disciplinaire puisse être conduite dans les plus brefs délais.— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) November 26, 2020
Il est certain que cette agression arrive dans un contexte tendu pour l’adoption de la loi “Sécurité Globale”.
Visuel : ©AnnabelP/Pixabay