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La loi “sécurité globale” menace la liberté de la presse

La loi “sécurité globale” menace la liberté de la presse

24 November 2020 | PAR Mahaut Adam

L’article 24 ou la loi sur la “sécurité globale” interdisant de diffuser des images de policiers a été votée la semaine dernière. Or, plusieurs journalistes ont été empêché d’exercer leur métier durant la manifestation mardi contre cette proposition de loi. Le gouvernement a tenté de rassurer la presse en précisant que cette loi ne ferait pas obstacle à la liberté d’informer et la commission européenne a tenu à rappeler le principe de la liberté de la presse et a indiqué surveiller la situation. Mais quelles sont les véritables conséquences de cette loi sur le droit de la presse ?

Les libertés individuelles en danger

C’est d’abord l’ensemble de la proposition de loi qui est contestée par les défenseurs des droits de l’Homme. Selon Anne-Sophie Simpère d’Amnesty International France, interrogée par France 24 le 22 novembre, cette loi serait “liberticide, qui menace la liberté d’expression, le droit à manifester et le droit à la vie privée”. En effet, la surveillance par les drones ou le recours massif à la sécurité privée pose véritablement problème.

Mais la liberté d’expression, la liberté des médias, la liberté d’association et le droit d’accès à l’information sont aussi grandement menacés.

La diffusion d’images identifiables de policiers est pénalisée

Cette proposition de loi limite la diffusion d’images de policiers en opération, une disposition considérée par les médias et les défenseurs des droits de l’Homme comme une possible entrave au droit à l’information. L’amendement qui a été ajouté ce 20 novembre affirme que les diffusions d’images qui sont interdites ne sont que celles qui permettraient l’identification des policiers. Mais une fois encore, le problème est totalement déplacé.

En effet, pénaliser par un an de prison et 45.000 euros d’amende une personne qui informe d’une violence faite à autrui paraît absurde. Le ministre a alors affirmé qu’il serait possible de filmer les policiers, mais en floutant leur visage.

Les journalistes ne peuvent quasiment plus filmer les manifestations

Le nouveau SNMO (“schéma national de maintient de l’ordre”) estime de plus que les journalistes ne peuvent plus couvrir les fins de manifestations et les éventuelles violences qui se déroulent à ce moment-là. Ce mardi, vingt-trois journalistes se sont fait interpellés lors d’une manifestation. Un journaliste de France 3 qui filmait ces interpellations a même passé 12h en garde à vue, alors qu’il tenait sa carte de presse dans la main. <

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Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a estimé que les journalistes devaient dorénavant prévenir les autorités avant de couvrir une manifestation. Puis, devant les réactions du monde de la presse, il s’est empressé de souligner que ce n’était pas une obligation.

Or, le 21 novembre, le Journal du dimanche publie une tribune de Christophe Castaner, président des députés LREM qui déclare son “amour” aux journalistes. Il conclue sur ces mots : “A l’heure où l’on peut mourir pour un dessin, nous voulions vous dire, chers journalistes, que nous continuerons à défendre votre liberté d’écrire, de produire et de nous égratigner”. Les journalistes ont aussitôt répliqué, reprochant à Christophe Castaner de s’adresser aux journalistes sur un registre affectif, allant même jusqu’à parler de provocation. Encore une fois, ce sont les actes qui comptent, et pas les mots.

580 étudiants en journalisme dans toute la France ont signé aujourd’hui une tribune pour retirer la proposition de loi qui doit être votée par l’Assemblée nationale ce mardi 24 novembre. Une loi qu’ils jugent contraire aux “libertés fondamentales de notre démocratie”.

Ironiquement, en 2018, lors de ses vœux à la presse, Emmanuel Macron lui-même s’alarmait de l’autoritarisme croissant de certaines démocraties européennes, ajoutant “à chaque fois c’est la presse qui est la première menacée”.

Visuel : © creative commons

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Mahaut Adam

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