
Richard Demarcy, l’artisan du théâtre du merveilleux est mort
Le généreux dramaturge et metteur en scène s’est éteint le 19 août des suites d’une tumeur cérébrale. Il avait 76 ans.
La triste nouvelle nous parvient doucement, quelques messages très doux et très chaleureux sont postés sur la page facebook de Richard Demarcy. Pour n’en citer qu’un, le metteur en scène Olivier Lacut lui a fait parvenir ce texte il y a quelques heures, après avoir appris le décès :
“Je me souviens de vous Richard Demarcy…
Je me souviens de votre cours sur la comédie musicale, j’étais étudiant à La Sorbonne-Nouvelle…
Je me souviens que vous aviez accepté d’être mon directeur de recherche…
Je me souviens « d’Ubu » que vous aviez monté au Théâtre du Rond-Point…
Je me souviens de votre sourire…
Je me souviens de votre bienveillance…
Je me souviens de notre dernière rencontre à Courbevoie…
Je me souviens de vous…
RIP “.
Le travail comme le regard de Richard Demarcy résonnaient avec l’univers de Peter Brook qui aurait croisé l’esthétique d’Arianne Mnouchkine. Richard Demarcy nous faisait entendre la parole politique du spectacle vivant à l’occasion d’oeuvres festives où l’inventivité était toujours la maîtresse des lieux. Dans Un certain songe, une nuit d’été (2010) le décor laissait la part libre à l’imagination, la musique était une comédienne et le dialogue des cultures un cadeau.
Avant, le docteur en sociologie, professeur à l’université de la Sorbonne Nouvelle fut également secrétaire général du Théâtre de la Commune d’Aubervilliers de 1968 à 1972.
Dès 1972, il créé avec sa troupe, le Naïf Théâtre. Et sa recette restera la même : faire rêver dans la finesse d’une poésie étoilée.
Guy Lafrance, qui a tant joué sous sa direction nous confie quelques mots : “C’est un monsieur avec une extraordinaire volonté qui nous a quitté. Évidemment, la mort l’emporte toujours mais pas la détermination à l’affronter. Pour lui, la vie c’était le théâtre. Et il avait encore je ne sais combien de projets sur le feu. Exemplaire. On peut se rejoindre”
Demarcy était un auteur, il a écrit du théâtre bien sûr, il nous laisse vingt pièces pour tous les publics, la plupart mises en scène, souvent à la Cartoucherie de Vincennes, au Grand Parquet ou à Avignon. Mais aussi des poèmes, un livret d’opéra (La Grotte d’Ali-1987) et un roman Angela, la guérillère soprano, chez Julliard en 1990.
Dans ses pièces, comme La Farce de Maître Pathelin, qu’il a monté en 2012, le dialogue entre l’Afrique et l’Europe était permanent.
Il était le père d’Emmanuel Demarcy-Mota, metteur en scène, directeur du festival d’Automne et du Théâtre de la Ville. Il sera incinéré au Père-Lachaise vendredi 24 août à 15h30.
Visuel : Un songe ©Mari Halet
Visuel : Portrait de Richard Demarcy- Page facebook de Richard Demarcy, photo de profil publique, ·