Politique culturelle
Sylvain AMIC, Directeur de la Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie nous parle de La chambre des visiteurs

Sylvain AMIC, Directeur de la Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie nous parle de La chambre des visiteurs

02 October 2019 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Sylvain Amic est directeur de la Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie, il nous parle de La chambre des visiteurs, une idée géniale d’exposition collaborative.

 

Parlez-moi de la naissance de la Chambre des visiteurs, il s’agit de la quatrième édition. Comment cette idée, géniale, est-elle née ?
Les premières initiatives en matière de « crowd-curating » remontent déjà à 2008 au musée de Brooklyn, suivies par d’autres expériences en Europe, en particulier dans les musées néerlandais. Pour autant, rien n’a été entrepris dans les musées français. Une frilosité d’autant plus incompréhensible que nos collègues des archives, ou des muséums, utilisent ces outils depuis plusieurs années avec succès. Notre proposition part du constat que, quelque soient les efforts faits par les professionnels de musée, un très grand nombre d’œuvres ne voit jamais la lumière ; questions de choix, de temps, d’espace… et il faut bien le dire, de goût. Faut-il attendre d’hypothétiques redécouvertes au hasard des trouvailles, ou amorcer le mouvement en ouvrant les modalités de sélection ? Dès la première édition, nous avons pu grâce à un visiteur identifier l’auteur d’un tableau anonyme qui n’avait pas été exposé depuis des décennies. Par la suite nous avons surveillé le marché autour de cet artiste (Gabriel Joncherie) dont l’Association des Amis du musée a pu acquérir un exceptionnel trompe-l’œil à très bon prix. Une conséquence heureuse d’un véritable travail collectif !

Pour cette saison, le sujet est “riquiqui”, c’est donc une question de taille ! Mais à part cet aspect très pratique, comment se passe la sélection?
Chaque responsable de collection a été invité à explorer ses fonds à travers ce prisme. En raison de leur petite taille, ces objets sont peu montrés et beaucoup nous étaient pour ainsi dire inconnus. Nous avons retenu une sélection représentative de la diversité des collections proposant une centaine d’œuvres. Ce nombre permet de ne pas trop se disperser et de concentrer les votes sur certaines pièces que le public plébiscite. Les écarts entre premier et dernier sont souvent de plusieurs centaines, ce qui permet de désigner clairement le groupe d’objets qui va être exposé.

Vous allez plus loin, vous avez lancé en début de saison Le club des visiteurs, en quoi cela consiste ?
Le Club des visiteurs repose sur un concept beaucoup plus large, qui vise à ouvrir un espace dédié à l’interaction entre les gens de musées et un public qui souhaite s’impliquer d’avantage dans l’activité. Il s’agit de pouvoir tester des nouvelles propositions, de pouvoir recevoir et concrétiser des projets émanant de la société civile, et de multiplier les points de rencontres entre professionnels et amateurs. en Un système de points donne accès à des offres exclusives qui permettent d’avoir accès à des objets ou des moments spécifiques. Le Club est en fait le lieu d’émergence d’une communauté d’amoureux de musées qui ne se retrouve pas forcément dans les cadres existants comme les associations d’amis.

Quel est le lien entre le Club et la Chambre ?
Le Club s’est développé à partir de l’impulsion donné par la Chambre des visiteurs, mais avec l’objectif d’établir une relation plus durable, mettant en jeu plus d’interactions que le simple acte de voter en cliquant. Il permet d’héberger ceux qui souhaitent s’impliquer d’avantage dans un espace dédié, permanent, et alimenté régulièrement en contenus exclusifs ; on pourra par exemple donner son avis sur un projet d’exposition, d’affiche etc. et d’être ainsi associé et informé en amont des projets. Les membres du Club peuvent aussi proposer des initiatives et les voir s’accomplir au sein de l’institution. Le Club donne finalement une vitrine pour cette nouvelle attitude des musées pour qui la logique collaborative fait partie d’un processus organisationnel normal.

Comment articulez-vous la relation entre le Musée et son axe numérique ?
Nous avons encore d’énormes progrès à faire en matière numérique et devons passer par une meilleure structuration de ce domaine. Mais nos principes directeurs sont déjà définis : favoriser l’accès en open data à toute forme de production que génère l’activité du musée. Publications, médiations, textes de salles, cartels, conférences, aides à la visite, rencontres, débats, l’objectif est bien de tout capitaliser pour assurer un accès permanent à cette énorme masse d’informations de très haute qualité, produites et vérifiées par des professionnels chevronnés, afin que les musées assument leur rôle de référentiel pour la population ? Chacun doit pouvoir trouver auprès des musées les ressources nécessaires pour actualiser ses connaissances, développer ses aptitudes, s’approprier ce bien commun que sont les collections, et pouvoir se construire en tant que citoyen, au-delà de ce que la famille ou l’école a pu lui apporter.

visuel : crédits RMM Rouen Normandie – Arnaud Bertereau

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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