Politique culturelle
A Versailles, le ministère de la Culture présente un nouveau projet territorial : les Micro-Folies

A Versailles, le ministère de la Culture présente un nouveau projet territorial : les Micro-Folies

17 September 2019 | PAR Chloé Coppalle

Le lundi 16 septembre, la presse était accueillie à Versailles par le Ministère de la Culture pour présenter les Micro-Folies, dispositif mis en place pour diminuer l’isolement et faciliter l’autonomie culturelle des territoires. Lancé en 2016, le projet n’est qu’au début de son implantation et de son développement, aussi est-il trop tôt pour en rendre compte sur le long terme. 

L’idée du ministre de la Culture Franck Riester est de combattre l’isolement territorial par une structure modulable, souple, qui s’adapte à chaque problématique municipale, à la différence des Maisons de la Culture ou les MJC, modèles plus fixes. Les Micro-Folies veulent mieux s’adapter à tous types de territoire. Le but est d’impulser les villes où il manque de politique culturelle, et les territoires notamment ruraux, par un soutien financier et structurel. Didier Fusillier, directeur de la Grande Hall de la Villette, défend le projet en évoquant la force du service public face aux grandes institutions privées. Le Ministre annonça le développement du projet avec l’ouverture de mille Micro-Folies d’ici 2022, et un doublement du budget prévu pour 2020.

Une Micro-Folie : définition du sujet

Les Micro-Folies sont des outils mis à la disposition des mairies par l’État. A Sevran, elle se matérialise par un chapiteau au sein duquel sont organisés des concerts, des spectacles de danse, des propositions de formations, ou encore un partenariat avec Pôle Emploi. A Lens, c’est l’ancienne Maison des Jeunes qui sert de lieu proposant des outils numériques prévus pour faire découvrir les collections du Louvre-Lens, des créneaux d’aides au devoir, des brodeuses ou autre outils pour créer. A Sevran, la politique culturelle est investie dans la scène rap locale, alors qu’à Lens, c’est un travail autour du musée qui est plus développé. En effet, l’adjointe à la culture de la mairie de Lens, Naceira Vincent, explique qu’une des problématique de la ville est que le musée est très peu fréquenté par le jeune public. La différence avec l’ancienne Maison des jeunes est qu’il n’y avait plus de politique culturelle depuis un moment. La Micro-Folie a permis d’accueillir plus de matériel aidant à briser la timidité sociale empêchant de se sentir à l’aise dans certains lieux. Elle a également permis d’organiser des sorties dans les sites nationaux comme le Château de Versailles. Agnès LeBrun, parle du cas de Morlaix dont elle est maire, et évoque l’isolement et l’injustice spatiale d’une ville nichée en pleine péninsule bretonne, et coincée entre deux métropoles, Brest et Rennes. Elle voit alors la Micro-Folie comme un levier culturel et économique qui commença par la restauration des lieux déjà existant.

La mise en place d’une MF se base sur une co-construction entre deux ministères : celui de la Culture et celui de la Cohésion territoriale, les régions, les départements et les villes. Les Directions Régionales des Affaires Culturelles (ou DRAC), par exemple, ont pour rôle de mettre en liens les acteurs territoriaux, et de cartographier les nouvelles implantations. L’État ne veut pas intervenir, c’est à dire que la ville gère la Micro-Folie, notamment en ce qui concerne les emplois ou les salaires. L’autre particularité est que ces lieux veulent permettre aux citoyens de lancer des projets qui les intéresse : création d’exposition, organisation de concert, etc. Les initiatives culturelles se veulent beaucoup partir des habitants.

Le numérique comme lien entre le public et le musée

Au sein de l’événement, la question du numérique est intervenue plusieurs fois, notamment par la présentation du Musée Numérique, mettant à disposition en qualité haute définition une base de données d’œuvres théâtrales, musicales ou plastiques de douze lieux partenaires, comme la Philharmonie, ou le château de Versailles.

Dans les Micro-Folies, ces outils numériques veulent donner envie de découvrir les œuvres des lieux culturels, et aider à préparer les visites et la compréhension des collections en amont. L’utilisation du numérique dans les musées, notamment comme support moderne de médiation est une question classique qui revient régulièrement avec l’avantage de pouvoir expliquer l’oeuvre avant de la découvrir. Le Musée Numérique est un dispositif disponible à la Micro-Folie de la Villette sous la forme d’un grand écran de six mètres sur environ 3 mètres cinquante, relié à des tablettes qui contiennent un catalogue de d’œuvres avec des explications et des contenus pédagogiques. Le projet soulève la question de l’accès à la culture dans le sens où, pour Didier Fusillier, ce n’est pas voir des œuvres qui est un problème, car de nombreuses bases de données existent déjà, mais c’est toujours un problème d’aller jusqu’à l’œuvre, et comprendre les œuvres par cet outils permet de se sentir moins à l’écart du sens des collections. A Lens, Naceira Vincent explique que l’initiative du numérique dans le cas de Lens a bien fonctionné, car les fréquentations du musée se sont diversifiées. Denis Lourdelet, quant à lui, est maire de Carignan, dans les Ardennes. L’année dernière, il a inauguré un nouvel espace regroupant une médiathèque, un relais d’assistance maternelle, ou encore les archives. Dans ce territoire rural, l’idée du numérique est apparue déterminante dans la création de la Micro-Folie, car elle permettait d’investir dans ce type de support en vue de réduire la distance géographique entre la ville et les musées nationaux.

En somme, après plusieurs échanges avec les quatre élus locaux venus présenter la Micro-Folie de leur ville, c’est surtout l’accueil et la prise en charge des équipes sur place qui ressort comme rassurante et donnant confiance en soi au public, avant même le numérique ou tout autre dispositif. Un type structurel nouveau, à suivre.

 

Visuel : ©ChloéCoppalle

 

 

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