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Mort de Hervé Cristiani, mais qui était-ce ??

Mort de Hervé Cristiani, mais qui était-ce ??

18 July 2014 | PAR Alexander Mora-Mir

Hervé Cristiani est décédé dans la nuit du 15 au 16 juillet suite à un cancer des cordes vocales qui l’a consumé depuis 2013. Une mort prématurée d’un artiste incompris.

 

« C’est une grande peine qui nous tombe dessus, comme tout le monde. Hervé c’est quelqu’un de souriant, de positif, de drôle, d’attentionné. On est parti en tournée, on s’est marré, on a chanté un peu partout et il pouvait faire deux parties de tennis à la suite, c’était un super sportif ». Un vibrant hommage de son ami Francis Cabrel à Hervé Cristiani sur RTL, dont on a appris le décès en début de semaine, il avait 66 ans. Sa description s’apparente étrangement à celle d’un certain Max, dans le tube « Il est libre Max », l’un des plus gros succès populaires des années 1980 qui l’a fait connaître. Il est le seul titre qui a « intéressé » les médias, rendant ce conteur d’histoires, ce chanteur d’un talent singulier d’un mystère inviolable.

Qui était cet homme si mystérieux, oublié des médias ? Apparemment les réponses se trouvent dans son tube « Il est libre Max », truffé de sous-entendus, de messages et d’indications qui mettent en scène un certain Max, un homme anticonformiste, généreux qui ressemble étrangement à son conteur.

Hervé Cristiani, d’une humilité et dévotion remarquables, il a beau avoir été un élève médiocre pendant toute sa scolarité, mais a toujours « mit de la magie, mine de rien dans tout ce qu’il fait ». Se mettant tôt à la guitare, il arrive à pallier la déception de son père par rapport à ses notes grâce à la musique. Anticonformiste, il reste néanmoins un homme généreux et souriant envers les autres, sans toutefois se laisser influencer ou dicter ses actions. Trop bon mais PAS trop con, « Il a le sourire facile, même pour les imbéciles. Il s’amuse bien, il tombe jamais dans les pièges. Il ne se laisse pas étourdir par les néons des manèges. »

Ne souffrant pas du regard des autres, de la masse, de la superficialité, « Il vit sa vie sans s’occuper des grimaces. Que font autour de lui les poissons dans la nasse ». La société de consommation post-soixante-huitarde ne l’intéresse pas du tout, ni à rentrer dans le star-system, les paillettes et tout ce qui va avec le show business, « dans le panier de crabe il joue pas les homards. Il ne cherche pas à tout prix à faire des bulles dans la mare ». Il avait lui-même déclaré chez Laurent Ruquier que s’acheter une voiture, une télé ou une maison de campagne ne l’intéressait pas.

Hervé Cristiani, une solitude masquée par sa bonne humeur et son sourire ? « Il regarde autour de lui avec les yeux de l’amour. Avant que t’aies rien pu dire il t’aime déjà au départ ». Un homme profondément seul qui semblait subir sa solitude malgré lui, d’où son air aimable, voir son amour pour les autres. « Il fait pas de bruit, il joue pas du tambour. Mais la statue de marbre lui sourit dans la cour » démontre simplement qu’il se faisait petit, silencieux, du genre à longer les murs, pour ne pas être remarqué, une part de timidité qu’il noyait devant son public et dans le sport.
Il était en effet  un très bon joueur de tennis. La statue de marbre qui lui sourit n’est autre que le reflet de son imagination, un manque qu’il retrouve dans une chose non vivante, une solitude si grande qu’il imagine qu’une statue lui rend son sourire quotidien.

cristiani

Un homme probablement qui flanchait aussi sur sa sexualité, qui avec un père jésuite ne devait pas trop avoir le choix. Pourtant, « toutes les filles lui font des yeux de velours », mais Max « leur raconte des histoires ». Visiblement, il n’était pas intéressé, et préfère « chevaucher les licornes à la tombée du soir ».
La licorne représente un violent conflit intérieur entre deux valeurs : Virginité et fécondité. Elle est censée être femelle mais sa corne veut démontrer le contraire, symbole du mâle et virilité chez les êtres vivants. La licorne renfermant une opposition intérieure, l’union des contraires, elle est caractérisée selon Carl Jung comme un symbole exprimant le monstre hermaphrodite de l’alchimie. Extrêmement ambiguë cette facette de Hervé Cristiani.

« Comme il n’a pas d’argent pour faire le grand voyageur. Il va parler souvent aux habitants de son cœur » L’artificiel ne l’intéresse pas. Son amour, sa joie, son sourire proviennent simplement des gens, il a besoin d’eux pour définir qui il est. C’est en leur parlant, en les écoutant qu’il vit. Pas besoin d’argent pour le remplir, puisqu’il a l’amour. « Qu’est-ce qu’ils se racontent c’est ça qu’il faudrait savoir. Pour avoir comme lui autant d’amour dans le regard ».

Hervé Cristiani s’en est allé, devenu désormais plus libre que jamais. L’esprit de Max quant à lui reste parmi nous, un exemple.

© visuels : Capture d’écrans Youtube

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Alexander Mora-Mir

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