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Libération sauvé mais à quel prix ?

Libération sauvé mais à quel prix ?

03 October 2022 | PAR Julie Viers

14 millions d’euros. C’est la somme qu’a prêtée le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky au journal Libération pour l’aider à atteindre l’équilibre financier. Inquiets, les journalistes de Libé évoquent dans un communiqué de presse la peur de perdre leur indépendance. 

 

Un nouvel investisseur pour Libération

Depuis des années, le journal de gauche connaît des difficultés financières. Malgré des pertes moindres en 2021 par rapport à 2020, puisque le journal est passé de 12 millions à 7,9 millions, ce dernier a encore besoin d’argent pour atteindre l’équilibre financier prévu pour 2026. Pour l’aider, Daniel Kretinsky a prêté 14 millions d’euros au journal à travers le fonds de dotation qui possède le journal. Ce dernier souhaite le redressement financier du quotidien qui est « nécessaire pour le pluralisme de la presse en France » selon ses dires. Mais les journalistes de Libé sont inquiets pour leur indépendance et tirent la sonnette d’alarme dans un communiqué de presse. 

 

Un francophile tchèque aimant les médias 

Fils de professeurs, Daniel Kretinsky a étudié le droit en République tchèque et à Dijon. Il a commencé sa carrière dans l’industrie. Il a très rapidement fait des placements dans des clubs de football que ça soit en République Tchèque ou en Angleterre. En 2013 il fonde Czech Media Invest, une holding propriétaire de plusieurs grands titres de la presse tchèque. Cinq ans plus tard, il investit en France en rachetant plusieurs journaux à Denis Olivennes, notamment les titres Elle, Télé 7 jours et France Dimanche. Un an plus tard, le patron de Marianne, Yves de Chaisemartin cherche de l’argent suite au redressement judiciaire du journal. Daniel Kretinsky met 5 millions d’euros sur la table et devient l’actionnaire majoritaire du quotidien français. Son appétit ne s’arrête pas là puisqu’il a investit à hauteur de 5% dans le capital du groupe audiovisuel TF1. Il a également acquit 49% des actions de Mathieu Pigasse dans la holding Le Nouveau Monde. Celle-ci contrôle Le Monde Libre qui détient 75% du capital de plusieurs journaux français dont Le Monde.

 

La peur de l’ingérence

En pleine campagne présidentielle, les journalistes de Marianne crient au tollé ! Le 19 avril 2022 dans un communiqué de presse, la Société des rédacteurs de Marianne se plaint d’une « atteinte inédite à son indépendance ». La raison : un changement dans la Une. Alors que la rédaction avait choisi de représenter Emmanuel Macron et en dessous Marine Le Pen avec un texte respectif, « La colère… ou le chaos ? » lorsque le journal a été publié jeudi le texte avait légèrement changé, dans la formulation et dans le sens. Ce n’était plus une « distinction factuelle entre les deux candidats sans pour autant dicter leur conduite à nos lecteurs » comme le souhaitait la rédaction mais le texte était devenu : « Malgré la colère… éviter le chaos. » L’indication à voter pour le président sortant est bien plus directe. Qui serait à l’origine du changement de titre ? Daniel Kretinsky aidé par celle qu’il a nommé à la tête de la rédaction : Natacha Polony. Pour l’instant aucune menace pour Libération. Le journal est toujours détenu par un fond de dotation qui assure son indépendance. Mais les journalistes sont inquiets. 

 

Visuel : Logo officiel du journal Libération

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