L’école 42 entre dans la Matrice

Inutile d’entrer à l’école 42 sans être animé par l’esprit d’innovation. C’est ce que prouve le lancement de “Matrice”, dont le nom, qui évoque un futur entièrement technologique, est un programme à lui tout seul…

L’initiative “Matrice” commence par un oxymore pensé comme un défi : “l’université productive”. “Ce n’est pas seulement une école, une université ou un programme de formation orienté vers les savoirs. Ce n’est pas non plus un incubateur, un accélérateur ou une usine à startups. C’est les deux à la fois, une université productive qui lie savoirs et productions ; citoyens numériques et entrepreneurs critiques”, peut-on lire en guise d’explication sur le site de l’école 42. Dans l’onglet “Philosophie”, on comprend que “l’ère digitale” ne délaissera pas l’humain : “La révolution technologique appelle une nouvelle anthropologie”. De là à parler de transhumanisme – un mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains -, il n’y a qu’un pas. Suivant le mouvement lancé par les ingénieurs de la Silicon Valley, l’école 42 de Xavier Niel, PDG de Free, s’est associée à une pépinière de starts-up, Creative Valley (c’est dans la même veine que le cluster universitaire Paris-Saclay prend forme). Dans les faits, les matrices sont de grands ensembles d’étudiants, d’enseignants (dont on ne connaît réellement la provenance puisque l’école 42 est un “établissement d’auto-formation”), d’entreprises et de chercheurs/experts travaillant autour de problématiques aussi diverses que l’autisme, le compte personnel d’activité, la médiation culturelle, la vulgarisation des technologies de pointe…

L’école 42 continue de faire polémique à cause de la forme de son enseignement, en complet décalage avec ceux de l’université : pas de cours à proprement parler, des locaux immenses et peu aménagés, pas de professeurs… Chacun “avance à son rythme” et les élèves ressortent de cet incubateur avec une formation et un diplôme qui laissent encore perplexes certaines entreprises. Est-ce la raison du lancement du programme “Matrice”, qui prend soin d’insister sur les savoirs mis à contribution par les étudiants ? Cela ne suffit pas à masquer le fait que Xavier Niel a un temps dit avoir fondé cette école pour y recruter les futurs salariés de Free et des autres filiales d’Iliad, qui ne sont pas loin de 8000…

Visuels : Univers Freebox