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Le Festival d’Île de France menacé de disparition : ” “Ce n’était pas du tout attendu” pour Marie-Madeleine Krynen

Le Festival d’Île de France menacé de disparition : ” “Ce n’était pas du tout attendu” pour Marie-Madeleine Krynen

02 December 2016 | PAR Audrey Paillasse

Après avoir fêté ses 40 ans cet automne, le Festival d’Île de France pourrait bien disparaître, faute de budget suffisant. La région Île de France, qui finance le projet à 80%, vient d’annoncer une baisse des subventions à hauteur de 68%. La trésorière de l’association du festival, Marie-Madeleine Krynen, a accepté de s’exprimer sur une décision “brutale”. 

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C’est un coup dur pour le Festival d’Île de France, qui préparait déjà son édition 2017, prévue du 9 septembre au 15 octobre. Avec un budget annuel de 2 millions d’euros, et financé à hauteur de 80% par la région, l’événement culturel pourrait ne pas se maintenir face à la baisse drastique de 68% des subventions, annoncée publiquement le 29 novembre par l’entourage de Valérie Pécresse. “Ce n’était pas du tout attendu”, affirme Marie-Madeleine Krynen, qui s’occupe de la trésorerie pour le festival. “C’est une décision abrupte, sans concertation préalable. Ils ont attendu la fin de la dernière édition pour nous annoncer ça”. Reçue il y a trois semaines par le conseil Les Républicains chargé de la culture, Mme. Krynen pensait pouvoir éviter ce cas de figure : “Ils nous ont dit ce qu’ils comptaient faire, et on pensait pouvoir en discuter. Quand l’annonce est tombée, on a été très surpris”.

Élue à la présidence de la région Île de France en décembre 2015, Valérie Pécresse avait affiché sa volonté de redresser la situation financière de la région, minée par des “gaspillages”. L’élue de droite avait même parlé pendant sa campagne de faire des économies annuelles d’une valeur de 400 millions d’euros, une estimation revue à la baisse depuis. Pourtant, d’après Marie-Madeleine Krynen, son discours était plutôt encourageant concernant la culture : “Mme. Pécresse a réaffirmé en septembre qu’elle souhaitait augmenter de 20% le budget consacré à la culture”, nous confie-t-elle. “Elle parlait d’un écosystème de la culture à préserver, et disait qu’il n’y aurait pas de mesures brutales…”. En soulignant ce paradoxe, la trésorière de l’association balaie ainsi l’argument économique. Il s’agirait en réalité d’un problème juridique : “Comme nous dépendons essentiellement d’un seul financement, celui de la région, on pourrait dire que nous sommes une association transparente”, explique Mme. Krynen, “c’est-à-dire un simple écran qui cacherait la collectivité”. Les associations transparentes étant souvent utilisées pour des manœuvres frauduleuses, la région souhaiterait se retirer du financement du festival pour éviter cette requalification délicate. Pour la trésorière, ce n’est qu’une excuse: “Je pense tout simplement que le souhait de la région est que ce festival n’existe plus”, finit-t-elle par lâcher.

40 ans d’un festival attaché à son patrimoine

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Cet automne, le festival d’Île de France soufflait donc ses 40 et peut-être dernières bougies, avec une édition spéciale placée sous le signe de l’ouverture au monde et de la diversité. Extrême-Orient, Amérique du Sud ou Afrique étaient à l’honneur et ont côtoyé des artistes locaux comme Thomas Dutronc.

Organisé aux mois de septembre et d’octobre pour une durée de six semaines, le Festival d’Île de France attire chaque année entre 20 et 25 000 spectateurs venus écouter une programmation variée, de musiques du monde au classique, en passant par du jazz. C’est aussi l’occasion pour les curieux de découvrir le patrimoine de la région, puisque les quelque trente concerts sont donnés dans des lieux insolites tels que des châteaux ou des églises, certains inaccessibles en temps normal au grand public. En marge du festival, près d’une centaine d’actions culturelles voient le jour : résidences de création, conférences, ateliers, rencontres…

Avant le vote final de la décision sur les subventions régionales en janvier 2017, le conseil d’administration du festival, prévu pour le 8 décembre, doit encore décider des mesures à prendre pour son avenir. “Deux options s’offrent à nous”, explique Marie-Madeleine Krynen : “celle de la liquidation, ou celle de la reconfiguration des financements, qui sera forcément douloureuse. Nous avons d’ores et déjà demandé à la région de nous laisser du temps pour une période de transition, nécessaire pour les nouvelles mutations à venir. Nous espérons qu’ils joueront le jeu.”

Une pétition a été lancée en parallèle sur le net pour empêcher la disparition du festival. Elle compte à ce jour quelque 647 signatures.

Visuels : ©Olivier Hoffschire ©Affiche officielle 2016

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Audrey Paillasse

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