La chanteuse Hoshi, victime d’une campagne de cyberharcèlement homophobe et misogyne

Alors que la chanteuse affirme avoir reçu plusieurs milliers de messages d’insultes et de menaces, un seul internaute sera jugé pour harcèlement moralement. Sur les réseaux sociaux, Hoshi a fait part de sa déception de ne voir comparaître qu’un seul suspect, en s’adressant directement à l’État.

En février 2020, la chanteuse Hoshi est nommée dans la catégorie « révélation scène » aux Victoires de la musique. Elle décide d’y interpréter sa chanson Amour censure, dont le texte dénonce l’homophobie et La Manif pour tous. Une fois les dernières notes jouées, elle embrasse une danseuse, dans un geste militant. Ce baiser entre deux femmes déclenche une vagues d’insultes homophobes et de menaces de morts sur les réseaux sociaux, à l’encontre de la chanteuse. Cette dernière porte plainte en mars 2020 pour des faits de « harcèlement moral et sexuel en meute », de « menaces de morts et de viols » et d’« injures aggravées ».

Ce jeudi 12 janvier, la chanteuse de 26 ans a fait part du harcèlement qu’elle subit depuis maintenant trois ans, en partageant certains des messages haineux, homophobes et misogynes, sur son compte Twitter. Son avocate venait de lui annoncer que « sur les milliers de messages reçus, et que sur toutes les personnes retrouvées, une seule personne sera potentiellement convoquée à un « procès » au moins de juin ». Hoshi constate amèrement que, dans un pays « qu’elle aime tant », « on peut menacer les gens, tenir des propos homophobes et sortir librement dans la rue parce que la justice ne fait rien ».

Subir ce harcèlement moral l’a « empêchée de vivre pleinement », sur scène comme dans l’intimité : « j’ai eu peur à chaque fois que je suis montée sur scène », « je n’ai jamais pu dormir paisiblement car j’ai toujours eu peur qu’ils trouvent mon adresse ». Elle explique avoir dû déménager, avoir éprouvé un stress permanent, la conduisant un vivre « un enfer psychologique et physique : 28 jours d’ITT ».

Le parquet de Paris a précisé que l’enquête avait permis d’identifier d’autres suspects, dont plusieurs sont mineurs. Toutefois, étant donné leur âge, leurs dossiers sont traités par les parquets locaux, chacun d’entre eux étant libre de les poursuivre ou non. De plus, dans les affaires de cyber-harcèlement, les enquêteurs sont tributaires des opérateurs internet pour identifier les auteurs des messages haineux. Pour ce faire, ils ne doivent sélectionner que les messages les plus menaçants, et doivent effectuer des demandes pour obtenir la levée de l’anonymat.

Par ailleurs, en 2021, Fabien Lecœuvre, agent et chroniqueur musical, s’était permis d’émettre des remarques sexistes à l’encontre de la chanteuse. Sur la web radio Arts-manda, il avait déclaré : « Vous mettez un poster de Hoshi dans votre chambre vous ? Mais elle est effrayante ». Bien qu’elle ait « un talent incroyable et indiscutable », il lui avait conseillé de donner ses chansons « à des filles sublimes ». Par la suite, l’artiste avait notamment reçu le soutien du chanteur Grand Corps Malade, qui lui avait dédié un morceau, Des gens beaux.

Ayant « perdu foi dans la justice », elle conclut avec un « message pour l’État : Sauvez-nous tant qu’il est encore temps, n’attendez pas que ça finisse mal avant de vous intéresser aux dossiers. La justice manque sûrement de moyens mais j’ai l’impression que la justice la laisse mourir ». Dans les commentaires, elle a invité les internautes à interpeller Emmanuel Macron, ajoutant « qu’elle n’avait plus la force » de le faire. Plusieurs artistes de la scène musicale lui ont exprimé son soutien, notamment Benjamin Biolay, Juliette Armanet et Eddy de Pretto, lui-même victime de cyber-harcèlement.

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