
Destruction de la halle Eiffel d’Arles: Françoise Nyssen trouve un compromis
Françoise Nyssen a obtenu mardi que la halle Lustucru soit démontée et stockée. Tombée en friche en 2003 à la suite d’inondations, la structure allait être démolie par le groupe Frey pour la construction d’un centre commercial.
Le groupe Frey, l’État, la DRAC, la Ville d’Arles et la communauté d’agglomération ACCM se sont réunis mardi matin pour décider de l’avenir de la halle Lustucru. Cette imposante structure, « témoignage rare de l’histoire de la construction métallique du XXème siècle », était menacée de destruction depuis la suppression de son statut patrimonial et son rachat par le groupe Frey en 2016. La loi LCAP de juillet 2016 exclut en effet du label Architecture Contemporaine Remarquable les bâtiments de plus de 100 ans. Construite en 1906, elle sort donc du champ d’application.
La halle Lustucru continue pourtant d’être considérée comme un objet patrimonial. Typique de la construction métallique du tournant du XX° siècle, elle symbolise le « style Eiffel » et l’introduction de l’acier en architecture. Édouard Allar, ingénieur et secrétaire de Gustave Eiffel, l’avait dessinée à l’occasion de l’Exposition coloniale nationale de 1906.
Reconnaissant sa valeur patrimoniale et sollicitée par le collectif de sauvegarde de la halle, la ministre de la culture est intervenue pour empêcher la démolition du bâtiment. Elle annonçait mercredi dans un communiqué avoir demandé au groupe Frey « de procéder au démontage de cette halle pour la déplacer ». La proposition, qui concilie à la fois la conservation du patrimoine et le développement économique du site, a été acceptée par l’aménageur qui prendra en charge les frais de démontage et de déplacement de la structure.
Les institutions publiques projettent de stocker la structure sur le site des « papeteries Étienne », en attendant d’y développer un projet dédié à « l’économie créative et aux industries culturelles et patrimoniales », qui réintégrera le bâtiment. Le projet devrait associer « les habitants de la ville et les acteurs culturels qui le désireraient dans une consultation citoyenne ».
Après avoir abrité les expositions du Parc Chanot à Marseille entre 1906 et 1939, puis les ateliers de l’usine Lustucru à Arles pendant plus d’un demi-siècle, la « cathédrale d’acier » pourrait donc connaître une nouvelle vie, dédiée à la création culturelle.
Visuel : CC © Maxppp