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Décès de Roland Castro, l’architecte au cœur à gauche

Décès de Roland Castro, l’architecte au cœur à gauche

10 March 2023 | PAR Eleonore Carbajo

Roland Castro, architecte et militant, s’est éteint ce jeudi 9 mars 2023 à Paris. Retour sur le parcours de cet homme qui mettait son métier au service de plus de justice sociale.

Architecture et solidarité : une vie de militantisme

Roland Castro est né à Limoges au cours de l’année 1940, dans une famille juive originaire de Grèce. Les premières années de sa vie sont contraintes à la clandestinité, dans un village du Limousin, maquis de la Résistance, du fait de la fuite de ses parents de Paris durant l’exode. En 1958, il intègre les Beaux-Arts de Paris, et se forme à l’architecture. Il rejoint l’Union des étudiants communistes jusqu’en 1965, puis en est exclu du fait de son opposition aux directives staliniennes. C’est par l’intermédiaire du maoïsme et notamment du mouvement Vive la révolution (VLR) qu’il s’engage corps et âme dans la lutte révolutionnaire aux côtés de l’avocat travailliste Tiennot Grumbach, jusqu’en 1971. Il s’illustre au-devant de la lutte au cours de Mai 68, devenant une figure emblématique du mouvement.

Par la suite, il affiche publiquement ses engagements politiques à gauche, soutenant successivement François Mitterrand en 1981 et s’engageant au sein du Parti Socialiste avant d’en démissionner et de réintégrer le PCF au début des années 2000. Il affiche ultérieurement son soutien à Arnaud Montebourg, puis à Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017, malgré son engagement à gauche de l’échiquier politique tout au long de sa vie.

L’urbaniste de la banlieue : « faire la révolution en banlieue »

C’est à partir des années 1980 qu’il parvient à croiser dans son travail d’architecte ses projets d’urbanistes et ses engagements politiques en faveur du social et du solidaire. En 1983, il cofonde « Banlieues 89 » aux côtés de l’urbaniste Michel Cantal-Dupart. Étape considérable dans les politiques urbaines en France, l’ambition de cette mission interministérielle est d’innover la manière de considérer l’urbanisme des banlieues, aux côtés des maires et architectes. Des projets innovants qui en finissent avec les grands ensembles afin de lutter contre la dégradation des bâtiments des banlieues ; privilégier la rénovation à la destruction, la mise en valeur de matériaux plus durables et la recréation d’espaces publics permettant de vivre la banlieue différemment. Faute de financements, le collectif prend fin en 1991, mais la ligne de conduite de l’association perdure dans les projets de Roland Castro, jusqu’à la fin de sa vie.

À titre d’exemple, on peut citer diverses réalisations de l’architecte telle que la bourse du travail de Saint-Denis, des logements collectifs pensés autrement à Noisy-le-Grand, ou encore la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême, au cours des années 1980. Plus récemment, on peut noter l’inauguration de l’Ovalie à Saint-Ouen en 2012, ou encore la Tour Emblematik, place du Front populaire à Aubervilliers. Des projets protéiformes certes, mais qui suivent pour la plupart la même ligne de conduite, telle une invariable de la vie de Roland Castro ; mettre l’architecture au service de projets d’embellissements de la banlieue, afin de lutter contre l’oppression dont ses habitants sont sujets, du fait de leur habitat.

Visuel : Wikipedia Commons

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