
CommUne Utopie – la vie, la scène , la danse
À la maison des Métallos, Anne Collod s’amuse à transformer les règles du jeu du spectacle dansé, puisant son inspiration dans la pièce “Parades & changes” créée en 1965 par Anna Halprin.
Le fait qu’Anne Collod soit diplômée en biologie et en méthode Feldenkraïs devait nous mettre la puce à l’oreille. L’idée d’une conscience du mouvement (« conscience mouvement ») associée à l’évidence d’un corps tout en action et en énergie (la biologie) pouvait, en effet, faire « boum » dans sa rencontre avec l’activiste de la postmoderne dance Anna Halprin, trop peu connue, mais aujourd’hui peut-être redécouverte, en France au travers de l’organisation Tamalpa.
Nous sommes ce que nous dansons
Celle-ci développe un enseignement dans ce que l’on appelle Life art process soit « une pratique qui trouve sa source dans la force expressive du corps en mouvement, auquel se combinent le dessin, l’écriture créative, la voix, des techniques de performance, des outils de communication, des outils pédagogiques et des outils thérapeutiques pour composer la base d’une réflexion personnelle et artistique où ce sont nos expériences de vie qui inspirent notre art et notre art qui, en retour, nous informe sur qui nous sommes. »
Le plaisir du jeu
CommUne Utopie présente ainsi un registre de danse simple et accessible, laissant tout à fait entendre qu’il suffirait d’un rien pour se retrouver sur scène. Non pour déboulonner les statues et les statuts des artistes interprètes, mais plutôt pour faire circuler l’idée que la danse appartient à tout le monde, au-delà de la scène et du spectacle. La magie du dispositif tient ici dans son esthétique formelle, retournant sa belle économie de moyen en matrice d’une problématique partagée. La couleur, le son et la chorégraphie se retrouvant discutées avec le public pour mieux toucher du doigt cette vérité essentielle formulée par Anna Halprin : si tu peux dire, c’est peut-être que tu peux faire. Et c’est bien ainsi que va se conclure le spectacle, avec les enfants convoqués sur scène et pour qui, c’est une évidence, il n’y pas de frontière entre le bouillonnement de l’envie de faire et son accomplissement théâtral.
À charge maintenant des parents de leur permettre de danser.
Crédits photo :© Sandy Korzekwa