
“Le mont Fuji n’existe pas” : Hélène Frappat peaufine l’art du portrait
“C’est l’histoire d’une écrivaine qui se prenait pour un chien truffier”. En une dizaine de nouvelles dont la narratrice est le point commun, Hélène Frappat livre une galerie de portraits fins et élégants.
C’est une parole poétique de la fille du premier homme dont l’auteure fait le portrait qui confère au livre son titre poétique Le mont Fuji n’existe pas, lorsqu’il est recouvert par la brume. Se posant d’emblée comme familière au lecteur et l’emmenant dans son monde, l’auteure nous fait passer de rencontre en souvenir et de souvenir en rencontre pour livrer une série de portraits lucides et souvent généreux. Les femmes surtout sont elles-mêmes un peu truffières ou du moins en recherche dans ce monde où l’écriture restitue autant les non-dits et les fantômes que ce que les héros racontent d’eux-mêmes.
Avec beaucoup de finesse et d’intimité, Hélène Frappat mène de front description et concision pour porter l’art du portrait (et de l’autoportrait de profil) vers une autre dimension, ouverte, créative et néanmoins très émouvante. L’ellipse est reine dans ces textes qui demandent au lecteur à la fois de se laisser aller et de remplir les blancs avec ses images et ses propres mots. Après Le dernier fleuve et Inverno, un recueil sensible dans lequel on entre avec facilité et dans lequel une foi plongé, on aime partager l’élégance.
Hélène Frappat, Le mont Fuji n’existe pas, Actes Sud, 240 p., 14,99 euros. Sortie le 3 février 2021.
visuel : couverture du livre