
La playlist au masculin
Cette semaine Scott Gilmore, Senbeï, Franklin, Kaplan Conspiration et U.Burn.
Electric Poles — Franklin
De cette aptitude bien peu ordinaire qui consiste à tisser les différentes inspirations que l’histoire a fini par séparer, Franklin est devenu expert et d’abord dans l’utilisation de ces matériaux rock dispersés en volutes électroniques dans les années 90, le côté trippant d’une ambiance urbaine réintroduit dans le costume de l’époque. Aujourd’hui. À aucun moment, malgré son goût des envolées vibrionnantes, le musicien ne semble partir en vrille loin de son temps. Et c’est là tout son talent.
Two roomed motel — Scott Gilmoe
On refait la même, mais à l’envers. Gilmore est bien planté dans son époque au sens où il introduit une distance systématique dans ses compositions fleuries, roulant très sérieusement vintage pour en sortir un son environnemental qui joue à cache-cache avec la mélodie. Assurément inspiré par le jazz mais aussi tout ce qui vient naturellement derrière lorsqu’on traîne très longtemps dans les bacs à disques d’occasion.
Ninja — The Georges Kaplan conspiracy
Tout n’est pas très clair, c’est sûr, dans ces images un peu rétro qui ne tiennent pas forcément avec la musique et d’ailleurs le clip commence sur cette idée, derrière un pare-brise où l’on dit de ne pas y voir grand-chose. Reste peut-être la voix qui lierait la douceur, la simplicité d’un dance-floor trop près de chez vous et l’élégie suave qui n’a pas besoin d’en faire trop. Ça joue pas mal.
Crazy One — H-Burns
Ce pourrait être l’intro du « Rock’n roll » du Velvet Underground mais très vite on en revient à 2019, le carré caustique de la folk blanche et américaine d’aujourd’hui. Efficace. Du reste, l’ami Burns est totalement french même si le flot continu de ses collaborations l’a mis en orbite autour de la planète du rock US. Ici il joue sous la menace d’une sorte de famille White trash. Pure joke ou terrible inconscient français.
Tribute to Nujabes — Senbeï (feat. DJ Nix’on)
Un peu de beatmaking pour s’envoler ailleurs … Trainée de poudre entre hip-hop et gimmicks techno-nippons pour un voyage qui pourrait ne jamais finir. Ambiance jazzy rehaussée de bout en bout par le fameux big style de l’ami Senbeï, l’humour n’est jamais très loin et semble faire des clins d’œil au bon vieux mister Modo&Ugly Mac Beer et autres bricoleurs de l’espace. Vraiment tout terrain.