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[Livre Report] Philippe Jaroussky et Emöke Barath ouvrent la 69e édition du Festival de Menton
Samedi, le Festival de musique de Menton sonnait l’ouverture de sa 69e édition par un concert affichant complet au pied de la Basilique Saint-Michel Archange. L’événement était de taille puisque Philippe Jaroussky et Emöke Barath se retrouvaient dans un récital Haendel, portés par l’ensemble Artaserse né à l’origine des rencontres et concerts communs entre Christine Plubeau (viole de gambe), Claire Antonini (théorbe), Yoko Nakamura (clavecin et orgue), et le contre-ténor. Une fois encore, les ingrédients étaient tous présents pour faire de cette soirée un met d’exception.
Nous ne répéterons jamais assez le cadre idyllique de ce festival dont le quatrième mur n’est autre que cette vue magnifique en hauteur sur la mer, tandis que les bâtiments servent naturellement l’acoustique. Cette ultime édition avant l’important anniversaire des 70 ans d’existence du festival est également la 6e de son directeur artistique actuel, le chef Pierre-Emmanuel Thomas, qui ne cesse de proposer d’année en année des programmations toujours plus riches et intéressantes les unes que les autres, maintenant un niveau d’excellence exceptionnel dans lequel s’est parfaitement inscrit le récital de samedi.
A travers ce récital, les deux artistes retracent une histoire, celle d’un couple qui s’aime, qui doute, qui se retrouve. La soirée débute avec Ariodante, son Ouverture puis l’air “Qui d’amor nel suo linguaggio” et le duo “Prendi da questa mano…”. La connivence entre les deux artistes ne se fait pas attendre et le charme opère immédiatement. La soprano offre une belle ligne de chant, sans accro, et ne donne aucune impression de forcer ou d’aller trop loin dans la projection compte-tenu de l’amplification apportée ici par des micros. Si l’on peut s’interroger sur la présence de ces derniers, il faut penser aux personnes en hauteur, les plus éloignées de la scène qui, elles, doivent apprécier cette idée. Quant à Philippe Jaroussky, il est des plus à l’aise dans cet exercice où la projection et la prononciation sont exemplaires. L’exercice du récital semble bien ne plus avoir de secret pour lui et il incarne parfaitement les airs qu’il chante, créant un très bel équilibre avec sa partenaire. L’ensemble Artaserse se montre pour sa part un exemple dans l’art de l’accompagnement autant que dans les parties purement musicales, se mariant aux voix dans un beau travail d’harmonie et de couleurs baroques.
L’ensemble de la soirée nous portera d’Ariodante à Lotario, ou encore Giulio Cesare, Parnasso in festa, Rodelinda, Serse, Scipione où Emöke Barath incarne une superbe Bérénice, avant de finalement se clôturer par un ultime duo d’Ariodante, “Bravo aver mille vite”. La boucle est alors bouclée, mais le public en redemande, conquis par la magie de l’instant. Les artistes offrent alors deux bis, dont “Vivo in te” extrait de Tamerlano.
Difficile de bouder son plaisir dans ce récital où ce ne sont pas seulement deux grands noms mais bien deux grands interprètes qui ont su transporter le public malgré la chaleur présente, ouvrant ainsi cette nouvelle édition du Festival de musique de Menton sous les plus beaux auspices!
A noter que ce duo de choc et de charme se produira à nouveau à Lyon le 17 septembre prochains à la Chapelle de la Trinité.