
“Etranger dans le mariage” d’Emir Kusturica
Le cinéaste franco-serbe a quitté pour un temps sa truculente caméra et sa folle guitare pour prendre la plume et raconter en six nouvelles toute l’âme de son pays. Edité chez JC Lattès, le recueil Etranger dans le mariage est à l’image des oeuvres de l’artiste: flamboyant.
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C’est dans son histoire personnelle qu’Emir Kusturica puise sans cesse l’inspiration, que ce soit à l’écran ou sur le papier. Avec la fantaisie qui caractérise sa créativité, il nous entraine dans des formes courtes qui racontent l’humain, entre triste réalité et poésie déjantée.
Balayant l’histoire de son pays, des années 70 à l’éclatement de la Yougoslavie, Kusturica raconte la vie de trois jeunes hommes, Dragan, Aleska et Kosta. Guerres, histoire de familles, premiers amours et amitiés chamboulent les existences et servent de prétextes à l’auteur pour nous offrir des portraits hauts en couleurs. Ici, on aimerait bien que la vie soit autrement. Mais elle est ce qu’elle est, alors à quoi bon pleurer ?
Au coeur du recueil, le thème de prédilection de l’auteur : la fin de l’enfance et le passage à l’âge adulte. La découverte de la littérature et les premières amours littéraires, en filigrane. Si les personnages ont les deux pieds bien vissés dans la réalité, l’écriture de Kusturica est comme toujours: empreinte de poésie, de fougue et d’émerveillement.
Avec tout le talent qu’on lui connaît, Emir Kusturica raconte une fois de plus l’essence même de l’âme slave, dansant sans cesse entre sombre tragédie et joie bouillonnante au fond des tripes…On en redemande.
Etranger dans le mariage, Emir Kusturica. Traduit du serbo-croate par Alain Cappon. Editions J.C Lattès. 280 p. 20 €