![[Arras Film Festival] « Bota » : subtil film albanais tout en lumière et en temps suspendu](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2014/11/Bota1-350x225.jpg)
[Arras Film Festival] « Bota » : subtil film albanais tout en lumière et en temps suspendu
Sans jamais être lourds, Iris Elezi et Thomas Logoreci nous donnent à voir, dans Bota, l’existence colorée de personnages en marge, s’enlisant sans le savoir. Une balade convaincante, bien que manquant un peu d’enjeu. Bientôt, ou jamais, dans les salles françaises…
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Dans Bota, on croit tout le temps qu’il va se passer un événement grave. Erreur : le tragique des vies décrites n’est découvert qu’à la fin. Tant mieux, car l’absence d’empressement nous permet de les rencontrer, ces personnages. De s’asseoir avec eux sous le soleil albanais, et de boire un verre à Bota, bar pas ordinaire, installé en pleine campagne, à côté de marais. Trois protagonistes gravitent autour : son propriétaire, Beni, homme d’affaires un peu minable, un peu filou ; la barmaid, Juli, cousine de Beni, volontaire et forte ; et la serveuse, Nora, jeune maîtresse de Beni, plutôt perdue.
Beni l’entrepreneur pas vraiment doué n’a qu’un rêve : étendre son microscopique empire. Si seulement une nouvelle route pouvait passer à côté de son bar… Mais cette terre qu’ils habitent est hantée. Le soleil cache des blessures. Juli et Nora auront beau faire des efforts, on ne les verra pas avancer. La vie s’écoule, en ne laissant rien subsister… Ce climat lumineux a recours à de très attachants acteurs pour laisser transparaître sa vénéneuse immobilité : Artur Gorishti (Beni), lourdaud sensible, Flonja Kodheli, magnétique Juli, et Fioralba Kryemadhi (Nora), touchante fille facile, batifolent. Mais ils ne font rien, en fait. La fin du film n’en est que plus parlante. Reste que si une atmosphère nous traverse pendant la projection, l’enjeu scénaristique finit un peu par manquer. Et un des événements de la fin semble quelque peu forcé… Il n’empêche que ce premier film solaire fait du bien. Et reste accessible. Tout en parlant de son pays… Car pas loin de Bota, il y a de vieux immeubles, vestiges de l’époque communiste… N’en disons pas trop : si ce film peut sortir en France, allez prendre un petit verre à Bota. Un lieu attachant, qui n’a besoin d’aucun effet tape-à-l’oeil pour plaire et s’imposer à notre mémoire.
Bota, un film d’Iris Elezi et Thomas Logoreci, avec Artur Gorishti, Flonja Kodheli, Fioralba Kryemadhi. Comédie dramatique albanaise, coproduite par le Kosovo et l’Italie. Durée : 1h40.
Visuel : © Erafilm Production