[Live report] Miossec inonde le Trianon d’élégance
Miossec est rare à Paris, il a posé avec élégance, brio et fougue ses mots et ses notes le temps d’un fabuleux concert au Trianon le 14 novembre.
La pluie, la pluie, encore la pluie à Paris, fine légère, scintillante et humide, un temps à applaudir Miossec. Le Trianon vide de chaises au parterre fait le plein de spectateurs debout, assis au balcon et ravis d’être là.
Les spectateurs l’appellent, le hèlent, ils veulent vite et longtemps Miossec sur scène avec ses musiciens. Ils s’installent, deux femmes, trois hommes, des instruments à cordes, des percussions, Miossec au centre, simple et lumineux dès le premier regard vers la salle.
Un souffle, un micro, l’urgence de lancer des couteaux de mots dans les cibles de portées musicales brillamment interprétés par les musiciens.
Miossec est là, juste, présent, incarné, ancré, en suspension sur le fil de la vie en mots et de notes tissées. S’offrir, ne pas montrer le labeur, les difficultés, chanter, parler, laisser les chansons inonder la foule de grâce.
Les lumières et le superbe fond de scène habitent l’espace taillé dans le vif de la couleur.
Guitare, contrebasse, percussions, violoncelle, xylophone, chœurs, tout est lié, tout brille, les musiciens, sont heureux d’être sur scène, ils s’amusent, tous prennent du plaisir à donner ce spectacle.
Le cœur au bord des larmes, le corps vacillant, dansant, épanouis et hurlant leur bonheur d’être là debout avec un artiste comme il en existe peu d’une présence vibrante, fragile et surpuissante le charme pour étendard virevoltant sur la scène à en faire trembler le pied du micro.
«Ici bas, ici même» son dernier album résonne, chaque chanson est un bijou ciselé, une pièce unique où la faille a sa place pour créer le relief d’une quasi perfection.
«Samedi soir au Vauban», «on vient à peine de commencer», le retour du déchirant «Qui nous aime», «Nos morts», Bête comme j’étais avant», le puissant «Des touristes», les onze chansons se mêlent aux grands succès, passé et présent fusionnent à merveille. «La fidélité», «La mélancolie» frappent et cognent, «Je m’en vais», «Que devient ton poing quand tu tends les doigts», «Brest» en rappel touchent toujours les âmes.
La vie, la joie, la mort, la peine, la violence, les brèches, la déchirure, les mots ravageurs, le son, le rythme, les émotions avaient rendez-vous pour ce concert où Miossec brilla plus longtemps qu’une étoile filante pour offrir de nombreux vœux aux spectateurs exaltés.
Arracheur de voix, les vers pleins, Miossec dérobe la poésie, détourne le temps, fait danser l’existence.
Paris sentit l’écume des houles de Brest l’espace d’un moment de partage unique au Trianon.