[Chronique] « Join The Dots » de Toy : noisy pop évolutive
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Boulimiques de travail, les cinq britanniques de Toy livrent avec Join The Dots leur deuxième album en deux ans. Entre cet intervalle écourté, le quintet a toutefois trouvé le temps de repenser la texture de son univers, et revêt derrière les flopées effilochées des guitares un format pop plus assumé que par le passé.
En débutant ce second album de la même manière qu’il avait achevé le précédent (par de longues phases instrumentales flippées et psyché), Toy laisse envisager d’abord à son auditoire le plus attentif une linéarité parfaite entre les deux opus, une impression déjà confortée par l’écoute de « Join The Dots », pépite de pop noisy et envoutée offerte en guise d’introduction à ce nouvel LP quelques semaines auparavant sa sortie. Les apparences initiales, pourtant, s’avéreront largement trompeuses.
Sur Join The Dots et dès les premiers battements de basse de « You Won’t Be The Same », la formation londonienne entoure en effet l’objet d’un enrobage pop accentué qui, s’il demeure largement désinvolte, psyché, et allongé (« As We Turn », « To A Death Unknown »), n’évitera pas quelques bavures pop trop propres (« Endlessly », « It’s Been So Long », « Fall Out Of Love ») qui viendront tarir quelque peu l’éclat d’un album toujours écartelé entre les mélodies conductrices de valeurs rassurantes et les emphases oniriques enivrantes.
Moins aiguisée mais jamais vaine, la noisy pop de Tom Dougall et de sa bande perd parfois en intensité ce qu’elle gagne en facilité, mais, rassurons-nous largement, ne cesse pour autant son flirte intensif avec ses plus glorieux ainés du royaume (Primal Scream, The Strokes…), en témoigne le bijou « Fall Out Love », formidable apothéose de rock orgiaque édifiée en guise de clôture de ce second opus. Ici, et sans doute afin de marquer enfin une véritable connexion entre les deux objets discographiques du groupe, le format du morceau épouse à l’identique celui de « Kopter », qui terminait déjà le précédent album à l’aide d’une vaste épopée transcendée et guitareuse de 9 minutes 50…
http://www.youtube.com/watch?v=nI2oeNw-InM
Toy se souvient alors de son passé moins bien rasé (son premier album, déjà paru chez Heavenly Recordings) tout comme il se rappelle depuis ses débuts de ses ancêtres aux mèches et aux accords allongés (le rock des années 70′), et fusionnera le tout dans quelques semaines (le 3 mars) à l’occasion d’un concert au Nouveau Casino.
Visuel : © pochette de Join The Dots de Toy
Toy, Join The Dots, 2013, Heavenly Recordings / PIAS, 60 min.