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Mais où sont passées les capotes ??

Mais où sont passées les capotes ??

30 November 2012 | PAR Alice Dubois

Alors que nous nous apprêtons à « célébrer » la journée mondiale contre le SIDA, le 1er décembre prochain, la rédaction de Toute la Culture s’est penchée sur une question qui nous turlupinait depuis quelques temps : mais où sont passées les capotes ?? Pour tous ceux qui ont vécu leur adolescence sans téléphone portable et payé en francs leurs paquets de cigarettes (ou de bonbons), il est un constat qu’on ne peut taire plus longtemps : les capotes ont disparu du paysage… Alors qu’il y a quelques années, disons une quinzaine, pour être honnêtes, il était chose aisée de se procurer un préservatif, même en cas d’urgence, force est de constater qu’aujourd’hui, c’est bien moins facile…Il semble loin le temps où Elmer food Beat chantait dans nos oreilles de collégienne « Le plastique c’est fantastique… »

 

Que se soit en club, boite de nuit ou dans les bistrots nocturnes, le préservatif semble avoir tout bonnement disparu. En 2012, si vous souhaitez vous en procurer, vous n’avez pas beaucoup d’alternatives : le supermarché ou la pharmacie sont en tête de liste.

Nous avons alors mené notre petite enquête sur l’objet préservatif, sa mise en vente et sa consommation. Dans les supermarchés, le préservatif trouve sa place au rayon « hygiène beauté », souvent accolé aux produits pour homme, mousse à raser et autres. Si jusque là rien de surprenant, on constate cependant une nouveauté dans la mise en vente du préservatif. Car de toute évidence, la vision que nous en avons a changé. Ou en tous cas, celle que l’on nous vend. L’image du préservatif a légèrement glissé vers la notion de plaisir, oubliant pour un temps celle de la prévention, peut-être moins marketing…

Engloutis au milieu des lubrifiants multicolores et des « vibreurs féminins », les préservatifs sont commercialisés au même titre que ces produits coquins.  Mais depuis quand le préservatif est un simple jouet érotique ? Cette vision de la chose sous-entend qu’il n’est pas essentiel pour se protéger du SIDA et autres MST mais qu’il participe à une vie sexuelle ludique, seulement en cas d’envie folle.

Mais ne jetons pas la pierre aux chefs de rayons. Cette vision érotique du préservatif a été lancée par les fabricants eux-mêmes qui l’ont transformé en banal sex-toy. Avec des packagings aux couleurs agressives et des accroches sexy, le préservatif se décline en plusieurs tendances : Preasuremax ou Orgasmic chez Durex, il porte le joli nom de Happy Hour et Xtra pleasure chez Manix. En se baladant sur le site de ce dernier, on s’aperçoit qu’il est inscrit en tout petit, en bas de chaque descriptif produit : «  Il est rappelé l’intérêt des préservatifs dans la prévention du VIH / SIDA et des autres IST – VISA GP n° 27PR07U409 ». Un peu léger, non ?!?

 

Même si l’idée d’inciter à utiliser le préservatif en jouant sur la case sexy est à la base une bonne idée, assez judicieuse d’ailleurs, il semblerait que son côté préventif soit passé à la trappe…

 

Du côté des pharmacies, les rayonnages sont les mêmes. Cependant, nous avons été surpris de voir, dans une pharmacie parisienne, les préservatifs présentés tout en bas du rayon, à peine visibles, alors que gels lubrifiants de toutes sortes trônaient fièrement à hauteur d’homme. Placés à deux centimètres du sol, nous avons eu du mal à les trouver !

Après avoir interrogé la pharmacienne sur la consommation de préservatifs, nous avons appris, très bonne nouvelle, que des boîtes se vendaient chaque jour, malgré leur manque de visibilité. Et, fait intéressant, pas seulement aux jeunes (même s’ils sont majoritaires) mais aussi à de nombreuses catégories de populations, toutes tranches d’âge confondues (ou presque).

 

Alors que le préservatif a disparu des lieux nocturnes et festifs, il semblerait pourtant que chacun sache où en trouver. Avec une offre de plus en plus variée, il se fait aussi moins “antipathique” que lorsqu’on avait vingt ans. Le risque est qu’il devienne dans l’imaginaire collectif un simple gadget occasionnel…Nous comptons sur la prochaine journée mondiale contre le SIDA pour rappeler à tous pourquoi la capote est bien plus que cela.

Comme il est assez difficile de programmer l’heure et le jour de son prochain coït…encourageons aussi les pharmacies à remplir régulièrement leurs distributeurs en libre service ! Et pourquoi pas des petits dépliants éducatifs pour la jeunesse qui n’osera certainement pas poser ses questions au pharmacien ? En tête de rayon, ça nous semblerait très utile. Pour préserver, justement.

 

Et rappelons, à ceux qui en douteraient encore que la protection n’est pas l’ennemi du plaisir, ni de l’érotisme… !

 

 

Visuel (c) FAD


 


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Alice Dubois
Alice a suivi une formation d’historienne et obtenu sa maitrise d'histoire contemporaine à l'université d'Avignon. Parallèlement, elle est élève-comédienne au Conservatoire régional d'art dramatique de la ville. Elle renonce à son DESS de Management interculturel et médiation religieuse à l'IEP d'Aix en Provence et monte à Paris en 2004 pour fonder sa propre compagnie. Intermittente du spectacle, elle navigue entre ses activités de comédienne, ses travaux d'écriture personnels et ses chroniques culturelles pour différents webmagazines. Actuellement, elle travaille sur un projet rock-folk avec son compagnon. Elle rejoint la rédaction de TLC en septembre 2012. Elle écrit pour plusieurs rubriques mais essentiellement sur la Littérature.

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