Théâtre
Haskell Junction Conception et mise en scène Renaud Cojo au TNBA

Haskell Junction Conception et mise en scène Renaud Cojo au TNBA

20 October 2017 | PAR David Rofé-Sarfati

De la nouvelle création de Renaud Cojo, le feuillet du Tnba nous promet “de voir à l’heure où tant de migrants fuient leur pays, une odyssée  ancrée dans une scénographie étonnante… et les traumatismes provoqués par les limites frontalières, politiques, philosophiques ou intimes…”. On n’a rien vu. 

Un vent froid souffle sur la scène et la machine à flocons artificiels marche à fond. Deux hommes manifestement ivres, deux géomètres du temps des cow-boys tentent tant bien que mal de tracer une frontière autour du 45ème parallèle. Cet étrange prologue avec effets spéciaux et VO sous-titrée nous plonge dans un presque film. Renaud Cojo aime à mêler théâtre et cinéma. L’étrange continue et l’on croisera une grosse termite, Pikachu, ou une femme nue; la femme nue dans une performance interminable se construira une ceinture à la manière d’une ceinture d’explosif d’attentat suicide mais composée de quarante bouteilles de whisky vides. On y comprend rien alors on décide puisque les comédiens ont beaucoup de talent de rêver; on tente de se laisser traverser par l’onirique

Peine perdue car la deuxième partie est un film, succession de diaporamas et de scènes de comédie affreusement sur-jouées, et ce film explique tout ou plutôt justifie tout car on découvre que la première partie n’est que salmigondis de motifs du récit, ce dernier se retrouvant illustré par la bande. Le pikachu jaune qui danse au milieu de la lande était donc le jeu qui a conduit un jeune à traverser la frontière tout absorbé à son mobile. Notre pensée est bouchée puisque la première partie est l’incompréhensible planche contact d’une histoire que nous découvrons ensuite; étrange dispositif littéraire qui empêche de penser, et qui nous oblige à nous mettre au service du créateur. L’esprit d’escalier a désormais sa pièce de référence.

Le geste du créateur qui a pressenti notre désaffection finira par une dernière scène manifestement ajoutée tardivement où des adultes viendront s’allonger dans la même posture que Aylan, cet enfant syrien mort échoué sur une plage. Le geste est malin car l’image émeut et après avoir bouché notre pensée, elle bouche notre envie de grogne. 

Conception et mise en scène
Renaud Cojo
Film
Renaud Cojo
Laurent Rojol
Scénographie
Philippe Casaban
Éric Charbeau
 

Lumières
Denis Louis
Éric Blosse
Son
Johan Loiseau
Costumes
Odile Béranger
Muriel Liévin

Avec
François Brice
Renaud Cojo
Elodie Colin
Catherine Froment
Christophe Rodomisto

Infos pratiques

Compagnie Les Marches de l’été
Le Vent des signes
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