Musique
Rencontre avec les programmateurs de La Route Du Rock

Rencontre avec les programmateurs de La Route Du Rock

13 July 2017 | PAR Antoine Couder

Toute la Culture a rencontré François Floret et Alban Coutoux, les deux programmateurs de la Route du Rock, le festival atypique de Saint Malo qui se tient du 17 au 20 août. L’occasion d’évoquer le line up de cette année et de recueillir leurs impressions sur ce festival qui souffle déjà sa 27ème bougies.

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Toute la Culture: Nous sommes à un peu plus d’un mois du festival, comment appréhendez-vous cette nouvelle édition?

François Floret: Sereinement. L’année dernière a été compliquée, on a essayé de comprendre pourquoi et comment et on en a tiré les conséquences. On s’est rendu compte que le public de la Route du Rock n’est pas très différent des autres publics. Il a besoin de noms importants pour venir en masse. C’est pour ça qu’on a décidé de faire un peu plus fort en programmation cette année. On a aussi reculé le Festival d’une semaine (17- 20 août) pour que ça soit plus facile pour les groupes qui atterrissent en Europe à ce moment là. Et puis on a mis plus de budget. On est aujourd’hui sur un niveau de vente qui équivaut au chiffre final de l’année dernière donc on fera déjà beaucoup mieux. On est plutôt confiant.

TLC: Donc pas de lien entre le fait que cela soit la 27e édition du Festival et et le très, trop, célèbre club mortuaire des 27!

Alban Coutoux: Non pas encore! (rires)

FF: Parle pas de malheur.

TLC: Parlez-nous des critères de sélection des artistes cette année.

FF: On avait la volonté de mettre plus de moyen et donc de faire beaucoup mieux. Après, on ne contrôle pas tout, notamment les critères de disponibilité. C’est pour cette raison qu’on a décalé le festival d’une semaine.

AC: L’avoir décalé nous a permis d’avoir beaucoup plus de propositions, plus de groupes avec davantage d’albums qui sont sortis cette année par rapport à l’année dernière.

TLC: Cette année, on retrouve une programmation exigeante mais aussi des artistes importants (Interpol, PJ Harvey, Mac Demarco). Qu’est-ce qui fait, selon vous, que la Route du Rock soit devenu un festival incontournable en France?

FF: Déjà merci! C’est tout le paradoxe de la Route du Rock. On dépasse jamais les 30 000 spectateurs mais on a malgré tout une aura assez forte. C’est hallucinant le nombre de gens qui connaissent le festival, qui portent des T-shirt LRDR. La RDR fédère des gens qui ont envie que le festival continu, c’est ce qui fait son succès. C’est très plaisant de voir que tout ce qu’on (la direction) met en oeuvre est compris comme tel.

AC: Et d’avoir aussi une certaine confiance des gens. On parlait du fait que le festival à 27 ans, la relation avec le public se construit dans la durée, C’est un travail de longue haleine pour redonner aux gens l’envie de revenir. On a une responsabilité par rapport au public de faire les choses sincèrement, avec passion. On espère que le public le ressent comme ça.

TLC: Il n’est pas seulement question de concerts à la RDR. Il y a aussi la conférence de Christophe Brault et une exposition du photographe américain Godlis. Pouvez-vous nous parler de cette volonté de transmettre cette culture rock aux festivaliers?

AC: Cela passe par plein de choses. On a un stand Fanzine, la fameuse conférence qui est plus de l’ordre du stand-up parce que Christophe Brault est un phénomène qui transmet sa passion de l’histoire de la musique. Cette année, on fera un petit focus sur les 40 ans du punk. Christophe nous parlera de son l’émergence aux USA et ensuite de son explosion en Grande-Bretagne. Et on pourra voir Godlis qui a photographié toute la scène du Lower East Side. Seront exposés ses portraits, ses photos de live des Ramones, de Blondie etc…
Ce qui est intéressant, c’est que le futur se nourrie du passé. Cette année, on a en tête d’affiche, un groupe de Shoegaze ultra connu et précurseur The Jesus and Mary Chain et puis Froth, un jeune groupe de shoegaze qui se revendique de ce groupe là. Les groupes ont peut-être 30 ans d’écart mais il y une filiation.

FF: Le Festival est né de l’envie de représenter des artistes sous-représentés. Au fur et à mesure, on a construit tout ce qui s’apparente à cette famille musicale. Plus on vieillit, plus on fait des rétrospectives. Il faut parler de comment c’est né, expliquer. C’est un accompagnement qui nous parait naturel.

AC: Il n’y a pas du tout de nostalgie dans cette démarche là

TLC: Dans le dossier de presse, vous parlez d’un long week-end romantique, qu’est ce que ça veut dire?

FF: Ah c’est moi qui ai écrit ça. D’abord, on est des grands sensibles, des grands tendres (rires). On est issu d’une mouvement musical qui est très romantique, la New Wave avec Joy Division, les Cure. C’est le prolongement de cet état d’esprit de post ado qu’on essaye d’avoir tous les ans. Sans tomber dans la branlette, c’est important de préciser que LRDR c’est un long week-end qui est romantique parce que on est en bord de mer et qu’on va écouter des musiques qui sont sensés, qui ont des choses à dire et sensibles pour certaines, même quand c’est du punk. La pop, c’est romantique, le shoegaze et l’électro qu’on programme aussi. Pour moi, David Guetta n’est pas romantique, en revanche, Tale of us, ça l’est.

AC: Il y a aussi un clin d’oeil évident à Chateaubriand. Les concerts qui se déroulent sur la plage sont face au tombeau de Chateaubriand.

TLC: Beaucoup de groupes ne jouent que chez vous en France cette année. Qu’est-ce qui les attire?

AC: Peut-être justement la sincérité de la démarche, la cohérence de la programmation par rapport à des festivals qui sont plus généralistes. Le cadre à taille humaine joue aussi énormément.

TLC: Vous parliez dans une interview des Cure qui disaientt qu’ils avaient été flattés d’être invités dans votre festival, il y a un truc particulier qui se passe non?

FF: Ouais, c’est Robert Smith qui avait dit ça, qu’il avait peur de dénoter avec le Festival. Je suis d’accord avec Alban, les artistes se rendent compte qu’il y a une cohérence et que ce n’est pas un concert comme les autres, que ce n’est pas comme la date d’avant, ni celle d’après. Les groupes se rendent compte que c’est un Festival de passionnés et savent qu’ils ont le champ libre s’ils veulent jouer des rappels etc…
Pour nous, la priorité c’est l’artistique et ça, ils le sentent bien. C’est pas un prétexte pour boire de la bière même si on boit beaucoup de bière!

TLC: La programmation est comme toujours très anglo-saxonne. Est-ce un choix?

AC: On n’a jamais choisi un groupe en fonction de sa nationalité. Mais c’est vrai qu’on a été bercé par ses musiques anglo-saxonnes indépendantes de la fin des années 1980. Donc forcément, ça reste. Mais on est pas fermé! L’année dernière on a fait une carte blanche avec La Souterraine pour programmer exclusivement des artistes français. Donc non, il n’y a jamais eu de parti pris. Et puis, la programmation est déjà tellement compliqué à faire, qu’on ne va pas s’imposer d’autres règles en plus.

FF: On a fait La Femme l’année dernière, on a fait Dionysos dans le passé, Flavien Berger récemment. On a fait quand même pas mal de français.

TLC: Dernière question, y a t-il des groupes que vous allez découvrir en même temps que le public cette année?

AC: Oui, bien sûr! Les groupes plus “découvertes” comme Froth ou Idles.

FF: Attention, on va les découvrir en live, on les a déjà écouté! (rires)

La Route du Rock – St Malo
Du 17 au 20 août
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Antoine Couder
Antoine Couder a publié « Fantômes de la renommée (Ghosts of Fame) », sélectionné pour le prix de la Brasserie Barbès 2018 et "Rock'n roll animal", un roman édité aux éditions de l'Harmattan en 2022. Auteur d'une biographie de Jacques Higelin ("Devenir autre", édition du Castor Astral), il est également producteur de documentaires pour la radio (France culture, RFI).

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