
« Tous selfie » : Pauline Escande-Gauquié décrypte la folie des selfies
Avec le sous-titre “Tous accros?”, Tous selfie publié par la sémiologue Pauline Escande-Gauquié se propose d’expliquer un phénomène de société ascendant. Le selfie est donc une publication sur les réseaux sociaux d’autoportraits pris au smartphone. L’essai fait une belle description du phénomène mais reste dans cette description de la pratique sociale et ne parvient pas tout à fait à creuser l’analyse promise.
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Tout commence au milieu des années 2000 avec l’arrivée de la 3G sur les smartphones et tout se poursuit au début des années 2010 avec la possibilité de donner aux photos prises par les smartphones de bien belles allures, à force de filtres et de retouches… Mais que dit de nous la manie du selfie ?
Partant d’une description de la génération Z, Pauline Escande-Gauquié livre une somme qui fait un tour des techniques et des pratiques de cet autoportrait 2.0 omniprésent. En la lisant, du duck face jusqu’au “funeral selfie” en passant par les pratiques marketing et les grands moments de selfie de stars comme Ellen DeGeneres ou Kim Kardashian, vous saurez tout sur le selfie.
Citant aussi bien des psychologues et des sémiologues, l’enseignante au CELSA livre un texte clair, accessible pour tous et résolument au cœur de notre époque. Seul bémol ? Peu de sémiologie finalement et un abord psychologique et sociologique qui se contente de décrire le phénomène sans vraiment l’expliquer. Au-delà de la thèse répandue de l’hyper-individualisme et du narcissisme de notre temps, on n’a pas vraiment de nouvelles perspectives dans cet essai. Pour réfléchir autrement à ce que le selfie dit de notre rapport à l’image et au monde, allons lire les propositions passionnantes que fait le spécialiste de la culture visuelle André Gunthert.
Pauline Escande-Gauquié, Tous Selfie! Pourquoi tous accros?, François Bourin, 144 p., 22 euros. Sortie automne 2015.