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Vacuité impuissante du Monumenta 2014

Vacuité impuissante du Monumenta 2014

07 May 2014 | PAR Bérénice Clerc

photo2(1) Monumenta 2014 devait signer le grand retour de cet événement unique, gigantesque et éphémère où Kapoor, Boltansky et Serra nous firent voyager, rêver, oublier le temps et la notion d’espace.

Les attentes étaient grandes, les promesses d’Ilya et Emilia Kabakov immenses, plus dure fut la chute à la visite de cette “Étrange cité” banale comme un mur blanc d’hôpital.

Monumenta comme une promesse, des souvenirs de voyages artistiques, le jour, la nuit entre matière et espace dans ce lieu sublime, magique et élévateur qu’est la nef du Grand Palais.

Ilya et Emilia Kabakov ont la grande chance de disposer de cet espace unique avec des moyens hors norme et une visibilité internationale, il n’en font rien, peut-être sont-ils sincères, honnêtes dans leur démarche, mais le vide abyssal de cette installation rendrait triste le plus joyeux des visiteurs et découragerait le plus amoureux d’art contemporain.

Dès l’entrée, le visiteur est face à un mur blanc, le longer et voir apparaitre des merveilles pourrait se concevoir, mais après le mur, le rêve retombe sec sur la dalle de béton vibrante.

Une coupole métallique de 24 tonnes prend l’espace sonore et coloré mais Ilya et Emilia Kabakov l’avait déjà présenté comme décor de Saint François d’Assise, l’opéra d’Olivier Messiaen à Madrid…

Dans l’immensité de la nef, des espaces blancs, une porte sur le vide, une invitation à l’enfermement triste, morose où l’imaginaire est bas de plafond, pauvre pour ne pas dire absent.

Où est l’étrange cité ? Où est le métaphysique ? Où est l’utopie, ? Où est le rêve ? Où est la chimère ? Où sont les anges ? Où est le recentrage ? où est l’espoir ? Où est le miracle ? Pourquoi sommes-nous privés de lumière, de verticalité, d’horizontalité, du ciel et de l’espace ?

Le labyrinthe court à sa perte, chaque espace étouffe, la respiration revient un peu face à une porte ouverte sur la lumière dans l’espace nommé les portails. Les chapelles noires et blanches n’inspirent pas la foi, les peintures d’Ilya Kabakov semblent être des reproductions, en guise de monumentales propositions artistiques des maquettes sont présentées.

A chaque nouvel espace tout tombe à l’eau sans reflet, sans onde de choc, vide, creux, pauvre, sans âme, absent, l’art est absent et laisse le visiteur assoiffé, sans nourriture spirituelle, visuelle, sensuelle, émotionnelle…

La vue du haut permet d’accéder à la notion de cité aux méandres possibles, tristesse contemporaine d’une proposition artistique pauvre, fade, semblable au crépi des murs.

Une vraie, une puissante, une immense déception pour ce Monumenta tant attendu.

L’art permet quasiment tout, nous aimerions vivre autre chose que le néant, encourager la création et la visite de cet événement unique mais si Ilya et Emilia Kabakov ont pu faire de belles choses, la proposition pour Monumenta n’est pas à la hauteur, trop faible, ratée hélas.

Les artistes peuvent s’égarer, se tromper, la fragilité de l’art est ainsi, il faut l’accepter.

 

Infos pratiques

Manufacture des Abbesses
Théâtre de l’Atalante
Bérénice Clerc
Comédienne, cantatrice et auteure des « Recettes Beauté » (YB ÉDITIONS), spécialisée en art contemporain, chanson française et musique classique.

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