
Serrano non grata en Corse
Ce qui est bien avec les chrétiens radicaux c’est la ténacité de leur bêtise. Voici donc 3 ans qu’inlassablement ils s’attaquent au travail du photographe Andrès Serrano. En cause, son Piss Christ, oeuvre phare datant de 1987, se situant dans sa série « fluides ». Nouvelle cible : Le Palais Fesch qui organise la première exposition d’Andres Serrano en Corse, en collaboration avec la Collection Lambert à Avignon.
Provocant car miroir du monde, le Piss Christ est la photographie d’un crucifix plongé dans l’urine et le sang. Lors de sa création, l’oeuvre avait reçu les foudres du politiquement correct américain.
Le Palais cite Daniel Arasse : « Si provocation il y a chez Serrano, c’est qu’il exige de nous que nous regardions, droit dans les yeux, ce qu’on a aujourd’hui tendance, de plus en plus, à écarter, à ne pas vouloir savoir, à ne plus envisager ».
Et voilà que tout recommence. Vandalisé en 2011 à La Collection Lambert à Avignon, le tableau est une nouvelle fois menacé. Depuis maintenant 15 jours, des intégristes manifestent sans relâche pour que l’exposition ferme au son de “Serrano fora” (dehors). Jusqu’à maintenant les menaces n’avaient pas été suivies d’effets. Mais face à la colère des fous, le musée a été contraint de fermer toute la journée de samedi. Libération raconte :”Brandissant une croix, alternant des chants religieux et l’air nationaliste corse, une vingtaine de manifestants ont protesté contre l’accrochage de Piss Christ”.
Joint par téléphone, le service communication de la Mairie d’Ajaccio répond de façon laconique « tout ce que je peux vous dire c’est que la dernière manifestation a eu lieu samedi (…) le musée est ouvert aujourd’hui ».
Visuel : © Andrès Serrano, Immersions, « Piss Christ », 1987 , 1987