Wilson Said What He Said au Théâtre de la Ville
Au théâtre de la Ville, Bob Wilson transforme la star Isabelle Huppert en Marie Stuart pour un seul en scène iconique du metteur en scène texan.
Marie Stuart est Reine de France puis Reine d’Ecosse, elle est surtout une veuve précoce à la jeunesse volée, elle est une femme remariée, meurtrière putative et puis, la fuite, l’enfermement, la captivité et la trahison. Shakespeare n’est jamais loin. Le drame est total et son crépuscule une violence. Le billot toujours agite les corps dans des soubresauts pré-mortem.
Alors Isabelle Huppert, littéralement possédée – on a pu soupçonner Marie de Sorcellerie – scande 86 paragraphes entremêlés et souvent mystérieux ; une étrangeté soulignée par la voix off qui répète des bribes de texte tel un fantôme qui voudrait moquer sa proie. Mais la manière textuelle est maléfique, Wilson s’appuie comme il le fait souvent sur du copy-paste façon cut-up, une matière première fournie par Darryl Pinkney.
Isabelle Huppert apparaît aussi possédée par Robert Wilson. Oui, Bob s’est emparé du corps d’Isabelle, pantin désarticulé arpenteur de scène malgré lui. S’il offre à sa figurine un écrin cinématographique – un cadre lumineux et pyrotechnique cernée de néons – s’il l’habille de diamants, la pare avec magnificence, elle n’est plus à l’approche de sa décapitation qu’un être confus, consumé par son drame, qui cherche, erratique, la seule justice possible, celle d’après la vie.
Tous les codes wilsoniens sont convoqués dans cette idée d’un spectacle qui ne choisit pas entre théâtre, performance et concert. Musique omniprésente mi-classique, mi-répétitive, jeux de lumières grand spectacle et silhouettes en négatif, Bob Wilson confortera son peuple qui n’en trouvera que plus grande sa presque-victoire, il aura dompté l’animal Huppert et lui accorde qu’: « elle a cette capacité à penser de manière abstraite ».
Jusqu’au 6 juillet au Théâtre de la Ville-Espace Cardin.
Visuel : ©Théâtre de la Ville