
Ysteria, la belle parole actuelle de Gérard Watkins sur l’hystérie.
Le sujet se présentait périlleux et complexe. Il devient Ystéria : une pièce de théâtre passionnante. Gérard Watkins évitant tous les écueils recense avec esprit l’actuel de l’Hystérie par un texte mosaïque drôle et édifiant.
Cela faisait longtemps que nous n’avions pas ressenti un tel plaisir. La psychanalyse est à tout le monde mais peu qui s’en empare mérite d’être écouté. La psychanalyse est partout mais plus en coulisse que sur scène. Gérard Watkins décide d’en faire le sujet principal de sa nouvelle création. Il a son mot à dire et à transmettre sur l’hystérie et par voie de conséquence sur la psychanalyse dont celle-là est historiquement l’origine et aujourd’hui encore le matériau principal. Et Watkins vaut d’être écouté pour le fond et pour la forme de son geste. Notre expérience de spectateur combine le plaisir de l’art dramatique, le plaisir de la comédie et celui de la tragédie antique, et le plaisir intellectuel à s’enseigner.
La pièce Ystéria nous raconte l’histoire et l’actualité de l’hystérie. Pour éviter l’encyclopédisme prétentieux Watkins a choisi de suivre deux cas d’hystérie de conversion et il enchaine les scènettes de fausse docu-fiction et de psychodrame intriquées avec des tableaux de tragédies antiques. Autant de moment délicieux de théâtre construisant élément après élément le rébus de sa pensée. Nous sommes successivement dans un centre de soin, dans un tribunal où l’on juge des sorcières, au milieu de rituels thérapeutiques anciens. Le rythme, l’engagement des comédiens et la beauté du texte – imprégné de Shakespeare- gardent nos attentions et notre concentration.
Nous apprendrons beaucoup; nous rirons autant. La chute – que nous ne spolierons pas – splendide, résume en une phrase le propos clairvoyant de Watkins. L’hystérie est un mystère, une énigme; elle est ce que dessine l’individu dans son rapport psychique au monde et à la vie avant d’être un symptôme. Nous sommes tous dans un compagnonnage avec elle et la psychanalyse se singularise pour chaque psychanalysé. C’est brillant.
Remercions Julie Denisse et David Gouhier déjà éblouissants dans Scènes de violences conjugales de Watkins , Malo Martin qui défend admirablement un personnage en mutation , Clémentine Menard dynamique et émouvante et la talentueuse Yitu Tchang qui hérite par le texte de la plus belle tirade. Ysteria est incontournable. La pièce est dense, elle nous fera ressentir un ultime plaisir, celui d’occuper nos réflexions longtemps après les derniers applaudissements.
Ystéria
Texte, mise en scène et
scénographie
Gérard Watkins.
Théâtre de la Tempête
Salle Copi • Durée : 2h15
du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30
Crédits Photos Pierre Planchenault